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La Flandre cannibalise l'État belge ? Les Francophones disent merci !

Une analyse de Paul-henry Gendebien, Président du R.W.F. - 27 novembre 2009

Ce n'est pas la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde qu'il faut négocier, mais celle de l’Etat belge (ou de ce qu'il en reste). Après plus de 40 ans de chienlit institutionnelle, le travail est déjà largement entamé. Ce que les Belgicains honteux nomment le Belgium apparaît comme l'homme malade de l'Europe, un pays qui s’englue dans une crise existentielle permanente. Un journaliste britannique a pu écrire que la Belgique était désormais un Etat inutile et que sa disparition ne serait pas un drame. Oui, c’est bien la scission, propre et définitive, du Belgium qu'il faut négocier.

De toute manière, le mouvement nationaliste flamand ne se contentera jamais d'une éventuelle victoire sur le dossier de BHV. Au contraire, il n'y verra qu'un encouragement à poursuivre son avantage et à exiger autre chose.

Si BHV était réglé, la Flandre ouvrirait d'autres fronts économiques et sociaux notamment. Elle pourra aussi revendiquer la scission de deux autres circonscriptions électorales francophones : celles du Sénat et du Parlement Européen ! Chacun sait en effet que ces circonscriptions couvrent, en un seul tenant, la Wallonie (sauf les cantons germanophones pour l'Europe), Bruxelles, et Hal-Vilvorde. Demain, la Flandre ne l'acceptera plus. Elle remettra cet ouvrage-là sur le métier, provoquant un nouveau conflit lourd de conséquences.


La médiocrité profonde et sinistre du débat public, l'incurie gouvernementale en face des « vrais problèmes », les menaces sérieuses de désordre politique, voire d'anarchie autour du dossier bruxellois, devraient inciter nos responsables à ouvrir enfin les yeux. Le fédéralisme belge est un échec historique. Il faut négocier le plus rapidement possible un divorce civilisé, à l'amiable, avec les garanties internationales nécessaires. En  prenant la tangente, M. Van Rompuy aura involontairement démontré que sa présence intérimaire à la tête du gouvernement belge n'avait rien résolu, ni rien apaisé. M. Van Rompuy s'était tout simplement assis sur la chaudière en ébullition et, de toute manière, sa « procrastination » systématique, cet art consommé de remettre à plus tard la solution aux problèmes, aurait bientôt fait long feu...

Certains journalistes européens ont voulu croire ou faire croire que la promotion de Van Rompuy s'expliquait par son génie politique : il aurait réussi à « pacifier les Belges » ! Ce qu'on entend et ce qu'on lit ici, et notamment dans la presse flamande, démontre à satiété que les explosifs sont plus que jamais présents sous la table, au cœur même du dispositif. Le départ de M. Van Rompuy s'apparente de toute évidence à une retraite habile, pour ne pas dire à une fuite, ce qui lui évitera une fin de règne ministériel qui eût été peu glorieuse. Les Belgicistes lucides expriment, ces jours-ci, une inquiétude fondée : le retour de « Calamity Leterme » prépare des lendemains qui ne chanteront pas pour le régime. En vérité, que Van Rompuy s'en aille ou soit resté en place au 16 rue de la Loi, le chaudron belge aurait , en tout état de cause, recommencé à bouillonner.

Les récentes péripéties gouvernementales ont mis en lumière la domination flamande sur la politique belge. C'est la Flandre, et le CD&V, en particulier, qui dictent les grands choix. Refus confirmé de céder la fonction de Premier ministre à un Wallon, dédoublement de la fonction de chef de la majorité avec la rentrée en scène du « faux sage » mais très flamingant Jean-Luc Dehaene comme animateur des conversations communautaires, confiscation des fonctions internationales et de l'image internationale de la Belgique par la Flandre. Le vieux CVP reprend du poil de la bête, sauf qu'il ne pèse plus que 25% de l'électorat flamand.

Ce qui signifie qu'avec un quart de la représentation flamande, le CD&V s'exprime et agit au nom de 15% seulement des habitants de l'Etat-Belgique. C'est peu, très peu, mais suffisant pour mettre à genoux les partis francophones officiels. On voit ceux-ci remercier une Flandre qui cannibalise l'Etat belge !

L'extraordinaire faiblesse des Wallons (je veux dire des présidents des partis de gouvernement) devant le CD&V s'est manifestée clairement lorsqu'ils ont étalé leur complaisance devant Leterme : « Donnons lui une deuxième chance, il n'est pas si mauvais, il a bonifié et il peut encore bonifier. » ont-ils déclaré en substance

Bien entendu, cette faiblesse fait remonter d'autres souvenirs historiques, ceux de l'avant-guerre. Bien entendu encore, je ne me permettrai pas d'assimiler le comportement de la Flandre militante et non respectueuse des Droits de l'Homme à celui-de l'Allemagne hitlérienne entre 1934 et 1945. Je me situerai seulement sur le plan de la psychologie collective et du rapport de forces politiques. Il y a tout de même quelque chose de commun entre le processus de fin de l’Etat belge et celui qui conduisit à la fin de la paix en Europe en 1939. J'entends par là que certaines postures francophones, chez nous, nous font immanquablement penser à celles des dirigeants des démocraties (à l'exception brillante de Charles de Gaulle et de Winston Churchill) qui se montrèrent extraordinairement timorés et velléitaires face aux ambitions croissantes des puissances fascistes au milieu des années 1930.

A Londres, à Paris, à Bruxelles, on se résigna à la réoccupation militaire de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht en 1936 et on flatta Hitler en participant aux Jeux olympiques de Berlin. On toléra l'annexion de l'Autriche en 1938. On se soumit, à Munich, au diktat exigeant le retour des Sudètes à la mère-patrie allemande. On ferma ensuite les yeux sur la destruction de la Tchécoslovaquie, sur la mainmise nazie sur Prague et sur la création d'un protectorat slovaque indépendant...

Chacune des « avancées » d'Hitler augmentait son appétit, chacune des capitulations des démocraties se faisait au nom de la paix. Selon l'analyse célèbre de Churchill, les démocraties n'avaient pas obtenu la paix, mais seulement la guerre et le déshonneur. Et en septembre 1939, l'Allemagne attaquait la Pologne, amenant enfin les démocraties à la déclaration de guerre, mais sans que ces dernières osent aller jusqu'à son déclenchement effectif. On connaît la suite...

L'avènement de Leterme II s'est produit dans des conditions humiliantes pour les Francophones. Les chefs des partis wallons et bruxellois se sont laissé imposer le retour de « l'homme dangereux », arrogant, brouillon, revanchard et complexé. Et ils n'ont même pas fait semblant d'exiger les Affaires étrangères.
Les Francophones préfèrent accepter des Flamands aux postes clés plutôt que de voir l'un d'entre eux - un concurrent électoral - y accéder. Bien entendu, la paix communautaire ne sera pas au bout du chemin : rendez-vous dans quelques mois au plus tard, pour une nouvelle étape dans la course vers le suicide collectif qui caractérise plus que jamais notre scène politique.

En acceptant à nouveau de subir Leterme, les Francophones montrent qu'ils manquent de fierté et qu’ils ont trop peu de sang dans les veines. Wallons et Bruxellois sont lourdement handicapés par une triple engeance : des élites frileuses et résignées, une presse belgiciste et soumise à l'ordre établi, un régime des partis qui s'empare de l'Etat et abaisse la démocratie.

Sommes-nous encore une société politique digne ce nom ? La question peut et doit être posée. Le malheur belge frappe plus que jamais nos concitoyens qui méritent mieux. Politiquement, culturellement, moralement, il est plus que jamais urgent de « débelgifier » les Wallons et les Bruxellois.

Je veux signifier qu'il est impérieux de retrouver un Etat, une culture politique, un avenir.

Les Wallons et les Bruxellois ne pourront redevenir pleinement eux-mêmes que dans le cadre de la République française.

Article paru sur le site officiel du RWF

 

 

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Dernière modification : 26 septembre 2011