Depuis deux ans,
VIVES, un centre de recherche en économie
de la KUL (Université de Leuven) envoie régulièrement à la presse flamande
des notes scientifiques, estampillées du logo de l’université. L’une d’elle
démontre que les transferts interrégionaux constituent un frein à la
croissance de la Flandre et de la Wallonie. "Ce
que tout le monde pensait est maintenant scientifiquement prouvé"
précise le magazine financier flamand Trends (Lien).
L'article est illustré par le dessin d'un ivrogne wallon qui dit "Grâce
à la solidarité flamande, j'ai pu acheter cette bière". Une autre étude,
dont les résultats sont relatés dans le quotidien flamand De Morgen, établit
que le sous-financement de Bruxelles est un "mythe"
(Lien).
Quant à la dernière publication de VIVES, elle plaide pour la
régionalisation de la dette publique, en identifiant les critères les plus
avantageux pour la Flandre. Les résultats sont publiés dans le journal
flamand "De Standaard" (Lien). |
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Douglas De Coninck, journaliste flamand, a décidé d'enquêter pour savoir qui
se trouvait derrière VIVES (De Morgen: "Onafhankelijke
economische denktank Vives van de KU Leuven: lobbymachine van N-VA en Vlaams
Belang" 01/09/2010).
A la KUL, un professeur d'économie explique au
journaliste que VIVES n'a publié aucune étude dans une revue scientifique de
qualité. Il ajoute "VIVES est complètement
invisible dans le monde académique". Un autre témoin s'étonne. Pourquoi
ce nouveau centre de recherche alors qu'il en existe déjà deux autres à la
KUL qui travaillent sur les mêmes matières? Et il ajoute: "Lorsque
l'existence de ce groupe a été évoquée pour la première fois en conseil de
faculté, les invitations pour la cérémonie de présentation avaient
apparemment déjà été envoyées."
A la cérémonie se
trouvait Bruno Valkeniers, président du parti d'extrême droite Vlaams Belang.
VIVES dépend en fait de l'asbl Pro VIVES, qui compte 20 fondateurs et
financiers. Son budget se situe entre 1.5 et 3 millions d'euros pour la
période 2008-2013.
L'association Pro VIVES est présidée par
Remi Vermeiren, ancien patron de la
banque flamande KBC et président du groupe de patrons et de leaders
d'opinion flamands "In de warande" qui
a rédigé fin 2005
un manifeste pour une Flandre indépendante.
Herman De Bode, ancien dirigeant de Mc
Kinsey, est aussi un signataire du manifeste. Un autre fondateur de VIVES
est Herman Daems, président de BNP
Paribas Fortis (Lien)
et ex-chef de cabinet du flamingant Eric Van Rompuy (CD&V), qui milite pour
la scission inconditionnelle de l'arrondissement électoral et judiciaire de
BHV.
Au sein de l'association, on trouve aussi
Eric Defoort, co-fondateur de la N-VA
et ex-président du Mouvement Flamand (VVB),
Dirk Rochtus (candidat N-VA au sénat lors des élections du 13 juin
2010), Eric Ponette (ancien président
du centre de coordination des associations flamandes
OVV), les professeurs Dirk Heremans,
ex-conseiller de Mark Eyskens (CD&V), Koen
Algoed, chef de cabinet du ministre N-VA Philippe Muyters et négociateur
de la réforme de l'Etat, et Bart Maddens
(N-VA), auteur de la doctrine qui porte son nom, qui vise à assécher l'Etat
fédéral afin de supplier la Wallonie et Bruxelles à négocier aux conditions
de la Flandre (Lien).
Parmi les fondateurs, il y a quatre personnalités du Vlaams Belang:
Chris Morel, vice-président de Pro
VIVES, Jurgen Constandt,
Jan Van Malderen, et le président
Bruno Valkeniers. Il y a aussi des
hommes de médias flamands: Jean-Pierre
Rondas, directeur des programmes de Klara (radio publique de la
Communauté flamande de Belgique), Rik Van
Cauwelaert, directeur du magazine Knack et éditorialiste influent, et
Frans Crols, rédacteur en chef du
magazine Trends. La liste des fondateurs est complétée par des hommes
d'affaires flamands actifs au sein de l’association patronale VOKA et des
signataires du manifeste 'In de Warande".
Selon les statuts publiés au Moniteur, VIVES a pour objet
de "contribuer au développement économique,
social, sociétal, institutionnel et culturel de la Flandre. Afin de réaliser
cet objectif, l'association défendra l'extension et l'achèvement du
transfert de compétences de la Flandre pour que la Flandre puisse prendre en
main ses propres responsabilités dans les domaines susmentionnées."
L'association travaillera "à la réalisation
de cet objectif via son soutien financier à VIVES, qui fera partie
intégrante de la KUL et qui, dans ses études, commentaires et avis, se
laisse guider par les missions définies ci-avant". Pour le journaliste
Douglas De Coninck, l'objectif de VIVES est clair: "aider
à la réalisation du programme de la N-VA et du Vlaams Belang".
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