Le
commerce de la vertu
par
Gilbert Collard
On se fait encore engueuler !
Tout va très bien madame la marquise. Pour
Nathalie Kosciusko Morizet et Caroline
Fourest, la morale est sauve, ne parlons
plus de DSK et du ministre pédophile qui
trousserait, en toute impunité, des mineurs
marocains, prostitués de la pauvreté, dans
le silence criminel de nos autorités
républicaines. Affaire qui, si elle se
révèle vraie, obligera plus d’un marchand de
morale républicaine à rendre la fausse
monnaie.
Attendons… Tout va très bien, puisqu’‘il y
a le Front national, le hideux Front
croupissant de honteux Français, qu’il
suffit d’attaquer pour être du côté des
honnêtes gens républicains, de
l’autocongratulation démocratique, de
l’autocélébration vertueuse. Que Tapie ait
combattu le Front national change t’il
Tapie ? Qu’il soit l’ami du président de la
République, comme Jack Lang et d’autres,
nous dispense-t-il de penser que qui se
ressemble s’assemble ? |
! |
Oui, on n’a pas le droit de le penser ! Pourquoi ? Parce
qu’ils dénoncent tous le Front Mariniste ; ils
constituent la digue, la gigue morale contre une jeune
femme moderne qui menace la boutique où se gavent les
rentiers d’un système à bout d’arguments, mais pas de
haine médisante et complice. Si, madame KM ne m’avait
point cité dans un article du Figaro, je ne me serais
pas autorisé à écrire, vu que je n’appartiens pas au
Front national. En utilisant mon nom, elle m’ouvre un
droit de réponse sur ce modeste Blog, n’ayant, dans
notre « démocratie d’opinion », aucun autre moyen de
m’exprimer, le Figaro Magazine ne m’ouvrant pas ses
colonnes d’hercule médiatiques.
En effet, me voilà avec d’autres, blessé au front, cité
à l’ordre de la réprobation française, nouvelle
décoration distribuée par les grands chanceliers de la
quarantaine républicaine. Me voilà titulaire, avec 20%
de Français, de la breloque bactériologique ! Cette
distribution est, dans l’ordre de la discrimination
politique, une particularité des régimes totalitaires,
qui recherchent toujours le bouc émissaire. On a
accepté l’évolution du parti communiste, sans sourciller
de la faucille et du marteau, mais pour rien au monde,
madame Kosciusko-Morizet ne veut accepter l’évolution du
Front national. Ce serait trop dangereux pour les
accrochés au pouvoir qui risqueraient, jetés hors du
confort de leur connivence, de perdre leur pérennité
institutionnelle !
Avant de répondre à la bourgeoise, je vous annonce qu’on
va drôlement se marrer quand on connaîtra le nom de son
nègre… Patience, tout vient à point à qui sait attendre
pour rigoler ! Le rire se mange froid.
Alors que dit-elle dans sa prose, madame de bienfilatre,
à ses ouailles aux oreilles sensibles? D’abord que
« Marine Le Pen et le Front, c’est le contraire de
l’identité française, ce front est antinational. »
Voilà, le bureau de l’identité française est rouvert.
Madame a son tampon, elle tamponne à coup d’exclusion
d’identité. Elle crée le délit de faciès politique !
Celles et ceux qui adhérent à Marine, collectivement, de
loin, de près, n’ont pas d’identité française ; ils sont
contre la nation… Nous voilà des apatrides politiques.
Je croyais naïvement que la liberté d’expression, dans
le respect des lois, n’était pas une cause de déchéance
de l’identité française ? Et comme il faut la posture
belle pour asséner de telles exclusions, elle ajoute
qu’elle « refuse de se compromettre », « qu’elle
voterait socialiste plutôt que FN. »
Elle refuse de se compromettre ? Que Patrick Buisson,
conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, soit un ancien
journaliste de Minute, qu’il ait soutenu ouvertement
Jean Marie Le Pen, que Nicolas Sarkozy reconnaisse qu’il
lui doit son élection ne la compromet pas dans sa
virginité virale ! Que Gérard Longuet, Patrick
Devedjian, Novelli, soient des anciens d’occident,
mouvement d’extrême extrême droite, que Brice Hortefeux
soit condamné pour des propos racistes n’entache pas sa
blanche hermine ? Elle porte sur la conscience un sacré
préservatif politique la pudibonde.
Que Nicolas Sarkozy ait été élu, entre autres, avec les
voix « crapuleuses » des électeurs du Front national,
qu’il cherche à les séduire par un recocufiage, ne fait
pas moins d’elle une ministre sans compromission portée
au pouvoir par les mains sales qui ne sont propres que
pour l’asseoir dans un fauteuil… Qu’importe, elle a sa
petite lessiveuse portative : s’il le fallait,
n’écoutant que son courage, un soir de brume électorale,
elle voterait socialiste, c’est-à-dire, sans vergogne,
éventuellement pour DSK, pour Aubry et ses trente-cinq
heures, pour Hollande, pour Royal, pour les accords du
PS avec Mélenchon, pour des ministres écolos. On
s’entend si bien entre amis.
Elle a pu apprécier le Besson d’aujourd'hui Caïn du
Besson d’hier. Lui avait le droit de changer… Elle
propose une solution pour attester de l’évolution de
Marine : le parricide ! Marine devrait exclure son
propre père du Front national, celui-là même dont
Nathalie concède qu’il était « dans le folklore »,
« dans l’excès verbal », « largement débordé par les
mégrétistes ». Et voilà que Jean Marie deviendrait plus
fréquentable que Marine, lui un « idéologue sonore »,
elle « une idéologue de fer », « plus radicale », que
l’ancien ! Donc, c’est le père qui devrait exclure la
fille… La preuve de son imposture selon la
plumitive ? Marine aurait mis vingt ans de vie politique
pour concéder l’horreur de la Shoah. C’est faux !
Devant le mensonge de cette affirmation, une
alternative : ou la vertueuse n’a pas lu les livres de
sa proie de papier, ce qui discrédite son ouvrage d’une
façon rédhibitoire, ou elle les a lus, et omet
volontairement de dire la vérité, ce qui la classe dans
la catégorie des intellectuels malhonnêtes. En effet, en
2006, dans son livre, « A contre flots », publié chez
Granchet, Marine Le Pen a écrit : «
Lorsqu’ ‘on me traite de nazi, c’est pour moi
l’incompréhension. Je ne me suis jamais sentie et ne me
sentirai jamais de point commun avec une idéologie avec
laquelle on a envoyé des femmes et des enfants à une
mort certaine, pas plus que je ne m’entends avec ceux
qui la défendent. Déporter des femmes, des vieillards,
des gosses, dans le but de les exterminer ne peut avoir
de justification et démontre la barbarie absolue de ce
système politique. » ( Pages 133 et 134)
On touche là, par l’ignominie du procédé, à quel point
la diabolisation est du marketing politique, du commerce
véreux sur la noblesse d’une cause.
Entre nous, Nathalie, pauvre petite fille riche, issue
de la monarchie républicaine, fille de sénateur, ferait
mieux de faire le ménage chez elle, en chassant de son
plumeau de plume Gueant, Hortefeux, et Sarkozy, qui
n’ayant rien fait pendant des années, essayent, par à
coup brutaux, de rattraper le retard. Un maire demande
le secours de l’armée pour rétablir l’ordre dans sa
commune et la polytechnicienne pérore sur une poudrière
enfermée dans son sac Chanel, pour diaboliser Marine Le
Pen.
Mais, oui, Marine est le Diable, tout chez elle est
diabolique, l’air qu’elle respire, les cigarettes
qu’elle fume, les enfants qu’elle élève, les couleuvres
qu’elle a dû avaler, qu’elle avale, l’amour du Pays, la
défense forcément ringarde de la France, la défense de
la préférence nationale, respectable quand le Front
populaire l’avait prônée ; la condamnation de l’euro,
que d'autres, forcément incritiquables, condamnent, tout
comme elle, mais en étant pris au sérieux. Diabolique
chez elle, la condamnation du racisme, de
l’antisémitisme, acclamés quand c’est Jack Lang qui la
psalmodie ; la condamnation de la double nationalité,
forcement facteur d’écartèlement entre deux pays. Elle
est le Diable, « même ce qui va mal lui permet de
prospérer », selon l’écrivain des Carpates. Autant dire
que le médecin qui veut soigner, sauver, prospère sur la
maladie que les autorités sanitaires ont laissé
s’installer… Elle est le Diable, le diable bleu
Marine ! Tellement que Nathalie sent l’ail. Elle est
dans camp de l’aïoli politique !
Le plus drôle est de lire sous la plume à bec cornée de
la perruche, cette sentence : « Lorsque vous êtes
Français, vous êtes complètement Français avec tous les
droits qui s’y attachent, toutes les protections qui
existent et tous les devoirs qui en découlent. »
Qui dit le contraire ! Elle aurait pu ajouter (c’est,
sans doute un oubli ?) que, quand vous êtes étranger, en
France, que vous travaillez, que vous obéissez aux
lois, que vous ne cambriolez pas le système social, que
vous ne cherchez pas à imposer votre modèle culturel,
religieux, que vous ne faites pas de la délinquance un
gagne-fric, que vous respectez les valeurs de votre
hôte, que vous ne répandez pas l’insécurité, vous devez
bénéficier des droits et du respect de la Nation. Dans
le cas contraire, vous méritez, sans lâcheté,
l’application de la loi.
Le dire, c’est diabolique ! Que ferait Nathalie si elle
n’avait pas un Diable, pour s’asperger de sainteté ? Les
nouvelles Jeanne D'Arc débarquent. Il faudrait être un
sacré Cochon pour ne pas douter de leur virginité
politique. Sous l’armure politicienne Nathalie en oublie
même ses chromosomes puisqu’elle écrit -en
connaisseuse ?- « C’est très dangereux, cette vertu a
priori que l’on accorde aux femmes. »
Il me semble voir sur le front de Nathalie un panneau :
« attention, danger, risque de fausse vertu ! »
|
L’ auteur
Gilbert Collard est avocat au Barreau de Marseille, ancien secrétaire de la conférence et Chevalier des Arts et Lettres. Il est Président du MOSC (Mouvement pour l’Organisation de la Société Civile).
Visitez son blogue en cliquant sur ce lien