La
France est belle quand en en fait le tour
par
Gilbert Collard
La France existe encore, le vélo l’a
rencontrée.
France, fille aînée du cyclisme ! Grâce aux
maillots de toutes les couleurs de tous les
coureurs, on a pu, pendant trois semaines,
sillonner la France des clochers, des
villages, des fontaines, des cafés désuets,
des terroirs, des châteaux, en pédalant de
tous les yeux dans le patrimoine d’un
paysage souverain.
Que le Pays est beau vu d’un vélo que
survole un hélicoptère, vu d’un enfant qui
regarde passer le peloton, vu d’un adulte
encore enfant qui regarde ce serpent d’été
aux cent couleurs ! Elles ne sont pas si
nombreuses les occasions de revisiter nos
paysages délaissés, à bicyclette, comme le
chantait Montand.
Sans oublier, bien sûr, le distinguo savant
développé par René Fallet : la bicyclette
sert à faire les courses, le vélo sert à
faire la course… Les provinces se pavanent,
la Vendée, la Bretagne, la Normandie, le
Centre, l’Auvergne, les Pyrénées, le
Roussillon, un peu d’Italie avant le
Dauphiné, et enfin Paris, les Champs
Élysées. Tant pis pour les provinces
oubliées, elles auront leur tour dans le
Tour à venir.
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Autant de cartes postales écrites par l’effort, enfin
humain, semble-t-il, des forçats de la route, qui
touchent moins qu’aucun footballeur, golfeur, tennisman,
mais qui touchent le peuple qui paye en présence.
Eh oui, « le Tour de France met la France sur le pas de
la porte », comme le disait Tristan Bernard. On se
souviendra de la chanson de Roland, « Pierre », qui vint
se faire couronner sur le toit du Tour à l’Alpe d’Huez.
Un petit Français sur son grand vélo a volé au secours
de notre dépression financière, politique, française en
un mot.
Dans l’horreur des fous qui tuent par haine d’eux-mêmes
et des autres, des fous de ce siècle sanglant, on a fait
« un songe en été » dans lequel le soleil sur les blés
avait un goût de confiture. C’est simple et c’est
compliqué un Tour de France.
Simple, en ce sens qu’il oblige à retrouver la carte de
France des enfances. Compliqué, en ce sens qu’il exige
une organisation gigantesque et brasse des intérêts
colossaux. Ce qui est magique, c’est que la complexité
s’efface sous la simplicité d’un spectacle populaire et
paysagé. Dans ce monde mécanique, odieux de démesure, le
mouvement de l’homme et de sa machine, réduit à l’effort
du facteur des villages d’autrefois, mais à l’échelle
des champions, fascine. C’est tout ce qu’il y a encore
d’hier dans aujourd’hui qui fait l’intérêt et la
grandeur du Tour. On devrait s’en souvenir. Ils ont bien
mérité de prendre des vacances, ces préférés de Blondin,
homme libre qui toujours chérit le vin, on s’est
tellement fatigué…
À bientôt, premier dimanche de septembre, pour un autre
Tour de France, qui aura pour enjeu le destin de la
France !
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Wallonie 2010 remercie particulièrement Maître Collard pour ses nombreuses autorisations à publier ces articles.
L’ auteur
Gilbert Collard est avocat au Barreau de Marseille, ancien secrétaire de la conférence et Chevalier des Arts et Lettres. Il est Président du MOSC (Mouvement pour l’Organisation de la Société Civile).
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