Wallonie
2010
"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
Prendre le taureau par les cornes
L'éveil de la Wallonie
La Belgique ou le canard sans têtepar Denis Griesmar
La Belgique entité étatique en voie d'évaporation n'est pas une nation mais une
machination anglaise
«
Nel mezzo del camino della nostra vita Mi ritrovai per una
selva oscura, Ché la diritta via erasmarrita … » Au milieu du
chemin de notre vie, je me trouvai dans une forêt sombre, la route où l'on va
droit s'étant perdue. Dante Alighieri, Inferno.
Les canards sans tête courent longtemps. Et celui dont
il est question ici parcourt dès l’origine un labyrinthe qui semble ne
mener nulle part – sinon à un marécage où s’embourbent les meilleures
volontés, les énergies les plus déterminées, et d’où nous-mêmes ne
saurions émerger indemnes.
Nous avons, ailleurs, retracé – rétabli – la continuité
historique de ce que Freud aurait qualifié d’illusion, échafaudage
instable édifié sur les ruines refroidies d’un équilibre européen qui,
ici pas davantage qu’ailleurs, n’aura eu vocation à l’éternité.
D’ailleurs, le roi est nu, chacun le sait aujourd’hui – ni la
Saxe, ni Cobourg, ni Gotha, ne se trouvent quelque part entre Meuse et Escaut.
La Belgique, entité étatique « en voie d’évaporation »,
n’est pas une nation, mais une machination anglaise – ce dont les Britanniques
conviennent volontiers aujourd’hui. Il convient donc de dissocier soigneusement
son étude d’un soi-disant dépassement des nations, cher à une certaine
oligarchie, mais dont la réalité ne se vérifie nulle part. Collage, bricolage
préfigurant l’Union européenne, elle réunit malgré eux deux peuples que rien ne
rassemble, ni la langue, ni la conception de l’Etat et de la citoyenneté, ni les
attirances, préférences ou dilections – ce qu’on appelle l’affectio
societatis.
Cependant, prenant appui sur l’édifice des féodalités, de
Lotharingie en « Bourgogne » dressée contre la France avec l’appui intéressé des
puissances anglo-saxonnes et germaniques, toute une idéologie, dite
belgicaine ou pirenniste, aura hypostasié une Belgique mythique – qui
n’était qu’une partie de la Gaule – pour habiller des intérêts bien concrets …
dont l’écheveau se défait sous nos yeux. Il reste que cette construction, «
européenne » avant la lettre, aura durablement affaibli la France, l’empêchant
de faire jeu égal avec ses concurrentes, et ouvrant sa frontière à la litanie
des invasions.
Sans Belgique, pas de Plan Schlieffen. « La Belgique est le
rempart de l’Europe contre la France », répétaient les instituteurs d’Outre-Quiévrain
… Certes, aujourd’hui, les affrontements, sur notre continent, semblent avoir
définitivement changé de forme. La dissuasion nucléaire, et son usage théorisé
par le général Gallois, protège la France – mais faut-il pour autant tenter le
diable, et renoncer, s’il est possible, à mettre un point final à ce qui sera
resté, indépendamment du caractère ouvert de sa population, un formidable
instrument d’intimidation, et de fixation des énergies françaises, tandis que
l’Angleterre partait à la conquête du monde, imposant sur la plus grande partie
du globe sa langue, sa finance et ses conceptions ?
Où en est-on ?
Venant après plus de trois années de palinodies, les élections
de juin 2010 n’ont, à ce jour, toujours pas permis de mettre sur pied un
gouvernement, le record du monde de crise ministérielle, détenu par l’Irak ( !
), étant bien près de tomber … L’antagonisme entre Flamands et Francophones est
toujours là. Ce qui a changé, c’est que la revendication d’indépendance
de la Flandre, autrefois brandie par la seule extrême-droite – Vlaamse Unie,
Vlaams Blok, Vlaams Belang – est aujourd’hui reprise par un parti, appuyé par
une coalition, représentant l’ensemble de la société flamande. Or, Bart De Wever,
chef de la N-VA – Nieuwe-Vlaamse Alliantie – vainqueur des élections, refuse de
gouverner la Belgique sans une profonde « réforme de l’Etat », qui équivaudrait,
de la part des Francophones, à une capitulation en rase campagne (rappelons,
parmi les exigences flamandes, la scission de l’arrondissement BHV sans
contreparties durables, ni fiables – voir plus loin).
Les Francophones, sous la houlette d’Elio di Rupo, à la tête du
Parti Socialiste, ont une conception bien différente du rôle des pouvoirs
publics, plus proche de l’idée que l’on s’en fait en France … tout en étant
historiquement les défenseurs d’une Belgique unie – dont les partisans les plus
naïfs organisent, à intervalles espacés, des manifestations revendiquant
l’ignorance et l’inculture … telle la récente « Shame » (à l’intitulé anglais !
) … qui ne peuvent déboucher sur rien.
En effet, les Francophones belges restent pris dans une
contradiction insurmontable : comment se revendiquer « Belges », alors que la
majorité desdits « Belges » ne se reconnaît que comme flamande, et suit des
partis dont les représentants ont pour mot d’ordre « België barst ! » (« Crève
Belgique ! ») ? Peut-on vraiment être « Belges tout seuls » ? Faire comme si la
majorité de la population n’existait pas ? Certes, nous sommes au pays du
surréalisme, mais il y a des limites … Les Flamands, de leur côté, ne sont pas
moins prisonniers de leurs propres conceptions. Ce sont des partisans déclarés
du droit du sol – mais appliqué à une entité territoriale mal définie, comme si
le sol primait sur la volonté de la population qui l’habite ! … Et,
simultanément, des tenants d’un nationalisme ethnique exacerbé : si, comme
l’affirme dès l’origine le mouvement flamingant, « De taal is gans het volk » («
La langue à elle seule fait le peuple »), encore faut-il être « vlaamsvoelend »
(de sentiment flamand), ce qui, dans l’opinion flamande, fait trouver toutes
naturelles les tracasseries sans fin auxquelles sont soumis les Franstaligen
(Francophones) en « Flandre », qu’il s’agisse du « wooncode » (code d’habitation
à visée d’épuration ethnique), du droit à parler français des passants dans la
rue, ou des écoliers dans les cours de récréation … ou même du droit à être
secouru en urgence, même si l’on ne parle pas flamand. Il n’est pas étonnant,
dans ces conditions, que le Conseil de l’Europe ait jugé que les droits de
l’homme ne sont pas respectés en Flandre.
Car la contradiction est là : cette Flandre, que la majorité de
ses habitants semble vouloir indépendante, inclurait, selon ses propres
thuriféraires, outre une minorité francophone non négligeable, si pourtant
oubliée, à Anvers, à Gand et sur la côte…
… Une agglomération bruxelloise de plus d’un million
d’habitants, massivement francophone. Bruxelles est en effet francophone à
plus de 90 % dans les 19 communes qui forment officiellement la région-capitale,
et, dans des proportions variables, dans les 6 communes dites « à facilités »,
mais aussi dans d’autres
La question de Bruxelles est la principale pierre d’achoppement
des négociations, mais elle n’est pas la seule : les transferts financiers entre
régions font également l’objet de querelles interminables, car rien, dans ce
pays, n’est bien défini. A l’unanimisme flamand d’une revendication vociférante
s’oppose, côté francophone, l’enchevêtrement des compétences entre région et
communauté …
Le statut de Bruxelles, et de sa périphérie, reste un enjeu
incontournable. Contradiction flamande : si les néerlandophones sont
aujourd’hui, par statut, surreprésentés, ils refusent l’élargissement de la
région qui, seul, justifierait le maintien d’un statut bilingue, en incluant des
populations non francophones … A noter que les immigrés, très visibles
dans certains quartiers, ne représentent que 17 % de la population dans la
région-capitale.
Rappelons que les actuelles frontières étriquées de Bruxelles
résultent d’un arrangement politicien conclu en 1962-63 sans la moindre
consultation populaire. Et ce carcan, rappelé chaque année par la provocation
que constitue le « Gordel », fausse également toutes les données statistiques !
En effet, la région de Bruxelles-capitale, déjà officiellement plus riche que la
Flandre (pour un indice européen de 100, la Wallonie est à 89, la Flandre à 115
et Bruxelles à 173), est à l’origine de la prospérité de tout le Brabant, tant
flamand que wallon. Pensons que ce qui transite par l’aéroport de Zaventem est
comptabilisé comme flamand …
Il existe en réalité différentes entités :
• La région de Bruxelles-capitale, avec ses 19 communes ;
• Les 6 communes à facilités – ces « facilités » linguistiques,
quipermettent aux Francophones d’être administrés en français, n’ont, dans les
textes, aucun caractère provisoire, contrairement à une interprétation flamande
abusive ;
• L’arrondissement BHV (Bruxelles-Hal-Vilvoorde), englobant les
communes à facilités, mais s’étendant bien au-delà dans le Brabant flamand, dans
lequel les habitants ont le droit 1) de voter pour les listes de leur
choix, francophones s’ils le veulent, 2) d’être jugés en français.
• D’autres communes limitrophes, comme Tervuren, qui, bien
qu’officiellement en Flandre, comportent une minorité francophone importante.
Plusieurs remarques s’imposent :
1°) La réalité géographique, humaine, économique et sociale, est
que la totalité de l’agglomération de Bruxelles est francophone. Ce qui pose le
problème de
la pertinence de la circonscription
envisagée : faudrait-il garder telle ou telle
commune en Flandre, alors que ce maintien perturbe, et continuerait de
perturber, la vie d’une grande métropole francophone ainsi prise en otage par
une petite minorité ?
2°) D’autant que, pour essayer de dissoudre les Francophones
dans la Flandre profonde, les autorités flamandes ont procédé unilatéralement à
des fusions de communes (d’où les communes « en pétales de marguerite » autour
de Bruxelles).
3°) Il faut en outre rappeler que le caractère francophone de
cette ville, depuis toujours gouvernée en français … par des dynasties ou
pouvoirs opposés à la France … n’est aucunement dû à une quelconque action de la
France, des Français, ni d’une Wallonie de création récente … même si le
développement de Bruxelles est dû en grande partie à des Wallons …
4°) Dans l’état actuel, Bruxelles est enclavée en Flandre – de
peu, car elle n’est séparée de la Wallonie que de quelques kilomètres. Si la
région-capitale était élargie, ne serait-ce qu’aux 6 communes à facilités, elle
serait en continuité territoriale avec la Wallonie par la commune de Rhode-
Saint-Genèse (sans compter la forêt de Soignes, dont les arbres ne parlent pas
flamand).
5°) La région des Fourons, au nord de Liège, a également été
rattachée à la province du Limbourg flamand contre la volonté de ses habitants …
« grâce » à des tractations politiciennes à l’échelle belge, puis au vote des
Néerlandais de Maëstricht installés sur place, en qualité d’ « Européens » … Il
y a là également un déni de justice sur lequel on ne saurait passer sans le
corriger.
Il est très important de noter que, du fait de l’existence des
communes à facilités et de l’arrondissement BHV, les limites administratives en
Belgique ne sont pas univoques (elles transcendent la division en régions
linguistiques), ce qui fait qu’on ne peut y appliquer le principe
Uti possidetis juris, en
transformant du jour au lendemain les délimitations territoriales existantes en
frontières internationales. D’où la résistance des Francophones à l’exigence
flamande de scission de l’arrondissement BHV. Mais peut-on faire confiance aux
hommes politiques belges francophones ? …
Quel est l’intérêt de la France ?
Notons tout d’abord que la France, sagement, s’est abstenue
d’intervenir dans les querelles belges. Cette attitude ne doit cependant pas
aller jusqu’à l’indifférence. En effet :
• La prise en considération du « temps long » permet de
comprendre que la Belgique a toujours été instrumentalisée contre la France ;
• En cas de scission, la réunion de la Wallonie – et de Bruxelles – à la France
permettrait un très appréciable rééquilibrage par rapport à l’Allemagne (dont la
réunification n’a choqué personne). En termes de population (3 500 000 Wallons +
1 000 000 de Bruxellois), mais aussi de richesses, et de positionnement
géostratégique sur l’échiquier européen et mondial. On a beaucoup dit que la
Wallonie était en crise, mais la régionalisation belge y a eu des effets
favorables, et l’on y trouve des entreprises de pointe … sans compter que la
situation démographique n’y est pas celle de la Flandre vieillissante …
La plupart des commentateurs étrangers s’accordent pour dire que
la Belgique est condamnée, à terme plus ou moins proche. Attention à l’effet «
Pierre et le loup » : ce n’est pas parce que les observateurs les plus lucides
la prédisent depuis longtemps que la scission ne se produira pas, et ce beaucoup
plus vite qu’on ne croit … L’essentiel, là comme ailleurs, est de ne pas être
surpris par les événements, de savoir quel est le but à atteindre, et la
stratégie à adopter pour y parvenir.
Face à la réalité de l’éloignement réciproque, et inéluctable,
des deux communautés belges (sans compter la petite communauté germanophone,
qui, elle aussi, devra librement décider de son destin), la classe politique
francophone s’accroche désespérément à une unité de plus en plus improbable,
parce qu’elle y trouve un intérêt politicien, la justification de son existence
pléthorique, et que, du fait d’une sorte de syndrome de Stockholm, certaines
habitudes mentales ont la vie dure. C’est ainsi que les problèmes, et leurs
solutions possibles, sont toujours présentés dans un cadre belgicain, que les
sondages, et les médias, n’offrent pratiquement jamais l’option rattachiste.
Malgré cela, la classe politique belge sait bien qu’il faudra un jour ou l’autre
y songer – et des travaux intéressants ont été consacrés à une éventualité de
moins en moins improbable : ceux de Daniel Ducarme (la « Belgique française »),
ceux de Jacques Lenain, fort détaillés …
Au-delà d’un apolitisme savamment entretenu, la population
francophone, de moins en moins confusément, y penche de plus en plus, même à
Bruxelles, ville de tradition « bourguignonne », et même si les partis
rattachistes officiels n’ont encore que peu de partisans déclarés - mais il faut
savoir que la Belgique pratique un « système des dépouilles » étendu, et que
l’alternance politique, au niveau régional, y est pratiquement inconnue … On
sait d’autre part que les Français sont en majorité favorables à la solution
rattachiste, et ce en l’absence totale de prise de position de la classe
politique.
Au-delà des péripéties subalternes et transitoires, il apparaît
donc qu’une vision politique large de l’intérêt de la France devrait faire
préférer cette solution à toute autre, et notamment à la laborieuse mise sur
pied d’un mini « Wallobrux », à la viabilité incertaine, constamment poussé à se
démarquer de la France … et à relayer, une fois encore, les intérêts de l’Empire
…
La réunion de la Wallonie et de Bruxelles à la France
apporterait, à qui saurait la réaliser, de grandes chances de succès politique,
et pourrait même faire oublier les échecs récents de notre pays. La France
attend son chancelier Kohl …
De leur côté, les Francophones de Belgique pourraient enfin
déployer leur énergie et leurs talents, débarrassés d’une tutelle teutonne
belgo-flamande de plus en plus pesante. Or ils sont actuellement les otages
• 1) d’une « majorité » flamande automatique qui les bride ;
• 2) d’un enclavement de Bruxelles qui menace, à terme, l’appartenance à la
francophonie d’une des grandesmétropoles de langue française du monde ;
• 3) du renouvellement des accords du Benelux, minorisant encore davantage la
population francophone dans cette réédition du « Grand Royaume des Pays-Bas » …
contre lequel les « Belges » se sont révoltés en 1830 ;
• 4) d’un enfermement, à l’occasion d’un éclatement de l’euroqu’il faut pouvoir
envisager comme une possibilité, dans une « zone mark » qui les condamnera à la
désindustrialisation et à la vassalisation.
La réunion à la France changerait pour eux le rapport de forces
avec la Flandre, laquelle se trouverait face à une République française de 70
millions d’habitants … perspective qui fait trembler les Flamands, mais qui
permettrait de résoudre à notre avantage, entre autres, la question des
frontières
… Songeons que, sur cette nouvelle frontière du nord, toutes les
grandes villes limitrophes, avec leur force de rayonnement, seraient françaises
: Dunkerque, Lille, Bruxelles, Liège. A condition que Bruxelles puisse respirer
… que le pédoncule Rhode-Saint-Genèse-Forêt de Soignes soit élargi … D’ailleurs
un corsetage trop étroit de Bruxelles ne serait pas non plus dans l’intérêt de
la Flandre, quicontinuerait à voir s’étendre sur son territoire la « tache
d’huile » francophone. Il faut donc à Bruxelles, comme à Lille, des frontières
vivables, et défendables, qui n’obèrent pas son avenir et son développement. Au
besoin, si une Flandre obtuse prétendait étrangler les accès à Bruxelles, il
conviendrait de lui rendre la politesse en ce qui concerne les accès au tunnel
sous la Manche, ou les ressources hydriques … Il faut bien voir que Bruxelles,
aujourd’hui, a le choix entre deux destins : celui de Lille, et celui de Dantzig
…
Mais qu’en est-il de la question
européenne ?
On excipe un peu trop, ces temps-ci, du caractère de « capitale
européenne » de Bruxelles, pour l’ériger en obstacle dirimant à toute réunion à
la France. Mais qu’en est-il vraiment ?
• Tout d’abord, il serait imprudent de parier, à long terme, sur
la perpétuation de l’Union européenne sous sa forme actuelle … même si cette
perspective effraie a priori la classe politique française … Il est peut-être
temps de mettre l’imagination au pouvoir …
• En second lieu, Strasbourg abrite bien le Parlement européen ;
• Troisièmement, il serait totalement destructeur, et contraire
à une longue tradition, de rompre les liens entre la Wallonie et Bruxelles.
Bruxelles, qui aujourd’hui essaie, sans succès, de s’appuyer sur la Wallonie
pour équilibrer la Flandre, pourrait au contraire rayonner sans contraintes sur
une grande région nord, et, au-delà, sur une Flandre avec laquelle les motifs de
friction auraient disparu. Dès aujourd’hui, le Brabant wallon doit la plus
grande part de sa prospérité à sa symbiose avec la métropole. En effet,
Bruxelles est le premier employeur wallon. Quelque 140 000 Wallons travaillent
quotidiennement à Bruxelles. Ces liens ne doivent pas être détruits.
Faut-il, de plus, insister sur l’inaptitude des « institutions
européennes » à administrer un « territoire fédéral européen », solution
préconisée par certains, mais dont le résultat le plus sûr serait l’impuissance,
la gabegie, et le déni de démocratie … sans compter une anglicisation galopante
!
Il est en réalité impensable d’envisager de fixer le destin
d’une grande métropole sans consulter ses habitants !
En cas de scission de la Belgique, un référendum dans toutes
les communes limitrophes entre les deux Etats successeurs serait indispensable
avant toute fixation des frontières définitives.
Quelle stratégie adopter ?
Tout d’abord, écarter deux arguments :
• 1) Une réaction négative des puissances étrangères n’est pas
envisageable. D’abord parce que l’Angleterre s’en lave les mains (et le
proclame), que les Etats-Unis ont d’autres chats à fouetter … et que l’Allemagne
peut se voir opposer la compréhension internationale qui a entouré sa propre
réunification. Peut-on envisager une Allemagne s’opposant par la force à une
réunification française pacifique et respectueuse du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes ?
• 2) Une atteinte au modèle républicain français, qui serait
ainsi menacé par une adoption du modèle ethnique de la Nation. Cet argument
n’est pas non plus recevable. En effet, si les Wallons et les Bruxellois (re)deviennent
Français (après l’avoir été volontairement entre la Fête de la Fédération et
Waterloo), ce ne serait pas par l’effet d’un atavisme ethnique devant lequel la
France capitulerait, mais par l’effet de leur volonté – et de celle des
Français. Il serait tout de même aberrant de refuser aux Francophones de
Belgique ce qui a été acté pour Mayotte !
Le référendum ainsi envisagé en Belgique pourrait donc être
précédé d’un référendum en France, de manière à rendre l’opération
inattaquable. Cette solution devrait être annoncée à l’avance… Il faut bien voir
qu’un tel référendum serait gagnable par n’importe quel pouvoir politique,
quelle que soit sa tendance ! … En Belgique, il couperait l’herbe sous le pied
aux tenants du faible « argument » selon lequel « les Français ne voudraient pas
de nous » !
En résumé :
Il n’est absolument pas question que la France annexe quelque
pays que ce soit contre la volonté de ses habitants. La République française
respecte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela n’empêche que, devant
l’évolution de la situation, cette option doit être proposée à une population
qui, de ce fait, n’aurait plus le sentiment d’être abandonnée au pouvoir
d’autres peuples plus puissants. Cette attitude, face à l’opinion française et
internationale, peut se résumer par la formule
SI …
ALORS :
SI
la Belgique éclate, ALORS
la réunion est envisageable … et serait même accueillie dans l’enthousiasme
! Il n’est donc pas question de ne pas respecter la souveraineté de ce qui est
encore un Etat … même si, répétons-le, la Belgique n’est pas une Nation. C’était
d’ailleurs la position du général De Gaulle, qui disait qu’en l’état, il ne
fallait pas toucher à la Belgique … mais que si une autorité wallonne
représentative s’adressait à la France, il serait impensable de ne pas lui
répondre … ou de lui fermer la porte au nez. Il y a donc une immense marge entre
une politique aventureuse, dont personne ne veut, et la politique de l’autruche.
D’autant qu’en cas de refus de la part de la France, ou de
bricolage en interne d’un mini-Etat « Wallobrux », à la légitimité et à la
viabilité vacillantes, le danger d’apparition d’un « mini-Etat maffieux » serait
grand, avec une instabilité à nos frontières dont nous n’avons pas besoin … et
une instrumentalisation par l’Empire anglo-germanique, par le biais de manœuvres
et de chantages engendrés par une situation de faiblesse endémique, et une
imagination jamais à court …
Déjà, certains échafaudent des « solutions » dont l’irréalisme
le dispute à la perversité, d’un confédéralisme lâche dont la Flandre
profiterait (en poursuivant son grignotage des libertés bruxelloises – déjà elle
s’oppose à la nomination de bourgmestres élus … sous prétexte qu’ils ont envoyé
directement des circulaires en français dans des communes à facilités …) sans
avoir à débourser quoi que ce soit pour l’entretien de sa colonie, jusqu’à des «
Eurorégions » aux contours de plus en plus flous, et aux financements incertains
… avec pour seul dénominateur commun le caractère TSF – Tout Sauf Français
…
De plus, il faut bien voir que c’est précisément un tel
bricolage, réinventant un « belgicanisme » en plus riquiqui … qui menacerait
l’unité française, en « justifiant » la mise sur pied d’une Savoie, d’une Corse
… indépendantes … … au nom d’une « Europe » de plus en plus
germano-germanique, et de moins en moins démocratique … Ces échafaudages peuvent
d’ailleurs être masqués par des constructions constitutionnelles baroques … Il
est vrai que la Constitution française prévoit un régime d’ « association » au
sein d’une « Communauté » … dont on voit mal l’intérêt en l’espèce. Il semble
bien préférable d’appliquer ici le critère de la simplicité – le rasoir d’Occam
– qui verrait la Wallonie et Bruxelles constituer deux Régions françaises
supplémentaires, développant ainsi des synergies et des coopérations de plus en
plus étroites avec les autres Régions françaises du nord …
… alors qu’une solution provisoire, baroque et biscornue, ne
ferait que retarder les échéances, et que la France se trouverait, tôt ou tard,
mais à échéance qu’elle n’aurait pas choisie, acculée à un sauvetage d’urgence
difficile et coûteux. La voie de l’intérêt général est donc toute tracée. Il
reste à le faire prévaloir dans le respect des procédures démocratiques, et en
veillant à accueillir dans nos structures politiques des élus qui, dès lors,
n’auraient plus de raisons de s’opposer à ce qui ne serait que la réparation
d’un accident del’Histoire.
CAVEANT CONSULES NE QUID RESPUBLICA
DETRIMENTI CAPIAT
«Que les consuls prennent garde que la république n'éprouve aucun dommage.»
Denis
Griesmar - février 2011 -publié avec
l'aimable autorisation de l'auteur - Qu'il
en soit remercié