Wallonie
2010
"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
Prendre le taureau par les cornes
L'éveil de la Wallonie
L’Union
européenne est en train de se suicider par Jacques Myard, député UMP - président
du
Cercle Nation et République, défendant la souveraineté de la France et les
valeurs de la République.
L’Union européenne est en train de se suicider. Oui, nous assistons
aujourd’hui au suicide de l’Europe, il faut en avoir conscience.
Ce suicide n’est certes pas commis par un tir
à bout portant, mais il est inéluctable et il est engendré par
l’idéologie intégriste qui sévit depuis vingt ans à Bruxelles. Pour ne
pas alourdir le débat, je prendrai trois exemples : le suicide
institutionnel, le suicide économique et le suicide monétaire de
l’Europe.
Le suicide institutionnel, d’abord. Qui peut
dire que l’Union européenne fonctionne bien aujourd’hui ? Personne ! On
assiste à une paralysie totale du système. La boulimie législative ne se
dément pas. Les textes les plus complexes, les plus tatillons, sont
moulinés les uns après les autres. La machine technocratique, sûre
d’elle-même et dominatrice, bat son plein : 700 documents E sont
produits chaque année et transmis à notre assemblée, dont plus de 300
relèvent de la loi.
Mais si la machine mouline sans arrêt des
textes, elle est en revanche incapable de prendre rapidement les
décisions qui s’imposent, et c’est le plus grave. La question des prix
agricoles en est un exemple. La France bataille depuis près de deux ans
pour obtenir la stabilité des prix agricoles, dont la baisse
inacceptable provoque des manifestations légitimes dans l’ensemble de
l’Europe.
La machine est totalement grippée et le passage à la
majorité qualifiée n’y change rien, alors que cette procédure devait être, selon
ses thuriféraires, la clé de voûte de l’efficacité du système. Quant aux
coopérations renforcées, autant rêver que les poules aient des dents, puisque
ces mécanismes ont été définis de telle sorte qu’ils ne voient jamais le jour
dans le traité de Lisbonne.
Le deuxième suicide est un suicide économique. La
religion économique de Bruxelles est le « tout concurrence ». Enfermée dans son
idéologie, la direction générale de la concurrence, qui règne en maître, ignore
superbement les réalités économiques du monde, où nos concurrents – États-Unis,
Chine, Inde, Brésil, Corée et Canada – excellent dans la défense de leurs
marchés en mettant en œuvre de réelles politiques industrielles, alors que la
locution « politique industrielle » est toujours un gros mot à Bruxelles !
L’asymétrie des conditions de concurrence devient
évidente. L’absence totale de réciprocité dans les échanges, l’incapacité de la
DG concurrence à envisager des champions industriels nationaux et européens sont
affligeantes et destructrices. La disparition de Pechiney, fleuron de notre
industrie, provoquée par la bêtise d’un commissaire européen – M. Monti, pour ne
pas le nommer –, ne peut que susciter la colère, et pourrait aisément nous
amener à la conclusion : « La Commission, voilà l’ennemi !» Il est urgent,
monsieur le secrétaire d’État, que sur ces dossiers industriels de
fusion-acquisition, la Commission soit relevée de ses compétences
technocratiques au profit du Conseil.
Le troisième suicide est un suicide monétaire,
monsieur le rapporteur général du budget. Pendant des années, les champions de
l’intégration européenne nous ont présenté l’euro comme le fondement même de
l’Europe et de son avenir. Qui peut encore affirmer cela aujourd’hui, si ce
n’est ceux qui, avec la morgue qu’on leur connaît, prétendaient tout savoir
mieux que les autres, face à ceux qui dénonçaient l’utopie d’une monnaie unique
en l’absence de zone économique optimale ? On sait aujourd’hui que les dures
réalités ont rattrapé les doux utopistes monétaristes. Le 13 juillet 2010, M.
Jean-Pierre Jouyet, européen convaincu, déclarait à la commission des affaires
étrangères : « On ne se serait pas interrogé, il y a un an, sur la fin de
l’euro, sur la façon dont l’Europe économique doit être gouvernée ». Je lui ai
alors répondu, avec une insolence amicale, mais une vraie insolence, que, pour
ma part, je me suis toujours interrogé sur la viabilité de cette construction
artificielle.
Allons à l’essentiel : ce n’est pas en collant à
l’idéologie allemande en matière monétaire que vous éviterez la catastrophe
annoncée et inéluctable, monsieur le secrétaire d’État ! Ce n’est pas par des
sanctions automatiques contre des États en déséquilibre budgétaire que vous
pourrez rééquilibrer les comptes. Quand allez-vous comprendre que l’on ne fait
pas courir ensemble des pur-sang, des chevaux de labour et des ânes – ces
derniers étant d’ailleurs souvent plus intelligents que ceux qui les qualifient
de PIGS ! Quand allez-vous comprendre que la puissance économique de la Ruhr
n’est pas dans le Péloponnèse, mais en Rhénanie-Westphalie ? Quand allez-vous
comprendre que les déficits budgétaires grecs sont la conséquence de la perte de
compétitivité – moins 40 % – et non sa cause ? Relevons d’ailleurs au passage
que l’Espagne, qui était en excédent budgétaire, est aujourd’hui en pleine crise
: c’est tout dire ! Quand allez-vous comprendre que réduire les dépenses,
raboter les niches de manière excessive et trop rapide, c’est raboter la
croissance et accroître les déficits ?
La politique de déflation de tous les États européens
équivaut à un suicide en direct, une macabre télé-réalité sur fond de pacte de
stabilité jouant le rôle néfaste du chœur des Euménides.
Vous voulez éviter le pire, vous voulez que l’euro
survive ? Alors, monétisez la dette ! Vous m’avez bien entendu : monétisez la
dette, comme sont en train de le faire les États-Unis, avec une première avance
de 100 milliards de dollars à l’économie, au taux de base de 0,25 % de la
Federal Reserve. Certains économistes affirment qu’ils vont aller jusqu’à un
trillion de dollars pour relancer l’économie, en ne passant plus par les
marchés.
La politique que l’Allemagne dicte à ses partenaires
conduit à une crise sans précédent, dont il n’est pas sûr que l’on se relève. De
deux choses l’une : ou nous changeons de politique monétaire – à situation
exceptionnelle, remède exceptionnel –, ou nous allons directement dans le mur !
Si vous voulez sauver la coopération européenne, il est temps de réagir, de
remettre les choses à plat avant qu’il ne soit trop tard. L’Europe s’est
élargie, elle doit maintenant s’amaigrir et s’en tenir à l’essentiel.
Extrait de son discours prononcé
à l'Assemblée nationale lors de la Session ordinaire de 2010-2011