Wallonie
2010
"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
Prendre le taureau par les cornes
L'éveil de la Wallonie
Francophones, ne vous laissez pas dicter par
la Flandre les conditions du divorce belge !
L'Histoire le
montre : quand l'heure est dépassée, les réformateurs sont perdants en
face des révolutionnaires. Les Francophones belges arrivent trop tard et
à reculons au rendez-vous ordonné par le mouvement flamand. L'échec est
fatal dès lors que notre fédéralisme ne repose pas sur un compromis mais
sur un malentendu : une étape vers l'indépendance pour la Flandre, un
aboutissement pour les Wallons et les Bruxellois.
Un fédéralisme
évolutif de soustraction n'est pas amendable parce qu'il se conjuguera
tôt ou tard au passé décomposé. Il n'y a pas de place, dans un même
espace géopolitique, pour deux Etats concurrents : un Etat flamand
émergent et un Etat belge déliquescent.
C'est le plus faible qui s'effacera.
La N-VA n'est pas isolée !
Nos élites
sous-estiment la radicalité du nationalisme flamand.
Ses objectifs - sinon ses méthodes - sont révolutionnaires : transformer
la nation en Etat, obtenir un siège au Conseil européen, parachever
l'émancipation de la société flamande par sa modernisation complète.
Est
en marche une révolution tranquille, animée par un lent mais puissant
ressort, qui finira - accessoirement - par avoir raison du Royaume sans
avoir tiré un seul coup de feu.
Les deux coprésidents du RWF à la
manifestation
des Fêtes de Wallonie le 18 septembre
A son ancienne revendication autonomiste, la
Flandre a ajouté récemment un souverainisme économique et fiscal porté par les
organisations patronales (VOKA, UNIZO...) Constatant l'impuissance belge devant
les effets pervers de la mondialisation et pressentant les carences croissantes
de l'Union européenne, la Flandre a déjà rompu avec le pacte fédéral des années
80 et se prépare à compter pour l'essentiel sur ses propres forces. Quant à
l'énormité de notre dette globale et de nos déficits annuels, elle attise le
risque d'attaques spéculatives des marchés internationaux, d'où l'impatience
grandissante de la Flandre politique et patronale qui a perdu sa confiance en un
Etat belge moribond.
Cet arrière-plan indique
pourquoi la NV-A. n'est pas isolée dans la société flamande. Aussi l'indignation
moralisatrice des partis francophones à son égard apparaît-elle comme dérisoire
et contre-productive.
L'aveuglement volontaire de nos
élites
Comment qualifier l'aveuglement volontaire de nos
élites ?
« Je crois en l'éternité de la Belgique ! » a déclaré gravement M. Louis Michel,
le 5 octobre, à Matin Première. Assiste-t-on à une sorte de profession de foi
religieuse ? Ou très prosaïquement à une « captatatio benevolentiae » en
direction de ses électeurs, sachant que souvent, en démocratie moderne, les
paroles comptent plus que les actes ?
Avant le scrutin du 13 juin, Mme Milquet avait
également tenté de séduire son public en claironnant que « L'union fait la
force » et M. Di Rupo ne fut pas en reste en promettant un « pays stable »...
Quand donc cessera-t-on de gruger les bonnes gens avec des contes de nourrice,
sauf à vouloir leur préparer des lendemains de douleur et de fureur ?
Il est vrai que ces discours trompent de moins en
moins l'opinion publique. Celle-ci a commencé à comprendre que la fin de l'Etat
approche inexorablement. Quelque chose de profond et de presque sacré pour
beaucoup de nos concitoyens est en train de se briser. Et bientôt la classe
politique - considérée dans son ensemble - sera jugée coupable d'avoir produit
le « chaos durable », cette ultime invention belge.
Nos partis officiels
pourraient se ressaisir à condition de reconnaître que leur stratégie est
fautive : on ne peut pas, simultanément vouloir un Etat fédéral cohérent et se
placer sur le terrain de la N-VA, celui d'un découpage du pouvoir central à la
tronçonneuse conduisant à un confédéralisme plus ou moins honteux.
De même, on ne peut plus s'en tenir à une posture quasi munichoise en
marchandant une paix communautaire purement provisoire. C'est joindre le cul-de
sac politique à l'humiliation morale que de brader la scission de BHV, sans
contrepartie substantielle, et en jetant aux orties l'élargissement de Bruxelles
et sa continuité territoriale avec la Wallonie.
Ure séparation à l'amiable
pour éviter le pire
Les consultations royales successives, les caucus
- de haut niveau ou pas - la prolongation des affaires courantes en affaires
fuyantes, rien de tout cela ne ressuscitera un Etat fédéral digne de ce nom.
Au mieux, on lui donnera un petit sursis : la
cigarette du condamné.
L'heure n'est plus aux regrets ni aux
vitupérations. Nos quatre Partis officiels francophones, toute rivalité mise au
rancart, doivent établir ensemble et publiquement un diagnostic clair et net :
il est impératif de préparer l'après-Belgique. A cet égard, on verra bientôt que
le Wallo-Brux (petite Belgique sans la Flandre) n'est pas viable, ainsi que l'a
d'ailleurs rappelé Mme Milquet à la télévision le 4 octobre. On connaît notre
position : seule la solution française apportera une sécurité réelle à notre
population.
Les dirigeants francophones ont le devoir
politique et moral de proposer les procédures et le calendrier d'une séparation
à l'amiable dans l'ordre et le calme.
Il est urgent pour eux de commencer enfin d'anticiper les événements et de les
contrôler, si du moins ils veulent éviter le pourrissement total, générateur de
désordre et - craignons-le - de violence.
Le double langage des élites et leurs
atermoiements augmenteront l'inquiétude des citoyens. Leur dignité et leur
détermination les rassureront.
Si par malheur les partis francophones
s'obstinaient à collaborer avec les fossoyeurs de l'État, ils n'en seraient pas
récompensés : au contraire ! Ils seraient associés à la liquéfaction finale du
fédéralisme belge.
Le moment est venu pour les Wallons et les
Bruxellois de se donner un destin honorable et un cadre politique sécurisant, en
fonction de leurs intérêts.
Nous ne pouvons plus lier notre sort à celui d'un Etat qui prend eau de toutes
parts et dont les restes constitueraient pour nous un cadeau empoisonné.
La nostalgie belgiciste sentimentale est parfaitement compréhensible, mais elle
ne mène à rien. Se résigner à une prétendue éternité belge reviendrait à subir
pour l'éternité le chantage flamand à la séparation.
Il suffit ! Nous, devons
cesser d'attendre docilement que la Flandre nous dicte le moment et les
conditions de son départ.