Bart de Wever est-il l'élève du général Von Bissing ?
Souvent certains politiques s’imaginent que le
conflit communautaire qui divise la Belgique est
relativement récent. En réalité, il s’agit d’un
mouvement qui prend déjà sa source lors de la
création de l’état belge et qui a poursuivi une
longue marche obstinée vers ce qu’un Bart de
Wever est en train de mettre en place, la
suprématie de cette langue et de cette ethnie
sur le territoire national. J’emploie le mot
ethnie volontairement et non le mot race qu’a
employé l’historien français André Soulange-Bodin
dans son ouvrage « L’Avant-Guerre Allemande en
Europe », paru en 1917 aux éditions de la
Librairie académique Perkin et Cie de Paris.
Comme le sieur Bart De Wever, historien de
formation, vient de déclarer que les Wallons
occultaient leur passé en matière de
collaboration avec les nazis durant la guerre de
40/45 et semble par là établir un équilibre
entre collaborateurs flamands et wallons, je lui
communique de quoi approfondir sa réflexion.
Je ne suis pas historien, mais j’ai le goût des
lectures anciennes. De plus, je sais additionner
des faits qui se sont produits avant, pendant et
après la Deuxième guerre mondiale.
Les courts extraits d’un passé déjà lointain
tend à démontrer que les deux collaborations ont
été différentes. Si les certains Wallons ont
collaboré, ce fut à la fois par conviction
politique et par engagement personnel alors que
c’est un nationalisme qui existait au moins
depuis la guerre de 14/18 et activé par la présence
active du
gouverneur militaire de la Belgique, le
général allemand Moritz Von Bissing qui a
inspiré les Flamands.
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Moritz Von Bissing
le père du séparatisme |
Dans le cadre de la Flamenpolitik, il signa le 21 mars
1917 un arrêté de séparation administrative de la
Belgique entre la Flandre et la Wallonie
et constitua une commission pour préparer la division du
pays afin d'en faire une contrée plus ouverte à
l'influence allemande.
Alors quand le bon Bart s’interroge sur la question de
savoir pourquoi les Wallons n’aimaient pas faire de
recherche sur la collaboration qui eut lieu dans notre
région, c’est peut-être parce que nous en avons honte.
Mais cette collaboration flamande, elle, s’inscrit dans
une longue marche vers l’indépendance. Et pour cela, les
Flamands ne pourront jamais condamner ceux qui ont tenté
de profiter de la guerre pour faire avancer leur
combat !
Et voilà, à mon avis, la différence entre Wallons et
Flamands. D’un côté ce furent des traîtres, de l’autre
des patriotes
Quelques extraits choisis
… Le pangermanisme considère la
Belgique comme une création
artificielle de la diplomatie qui a
ravi à l’Allemagne plusieurs
millions d’enfants pour les obliger
à vivre avec les Wallons, de race
différente, fils de la France, comme
si les deux races, unies dans la
liberté, n’avaient eu depuis
quatre-vingt-cinq ans d’autre
préoccupation que de créer de la
richesse, dans une commune entente,
et de tirer de leur passé
corporatif, en les adaptant au temps
présent, les dispositions les plus
modernes et les plus utiles pour la
défense du travail national et le
bien-être des prolétaires.
L’orientation vers l’Allemagne, si
l’on s’en tient à la simple
constatation des faits, ne signifie
pas autre chose que la suppression
de l’influence française … (p. 243)
… Un organe extrêmement violent, se
mêlant aux disputes intérieures du
pays en les envenimant, était
répandu dans le pays par l’Union
Pangermaniste : son titre était
les Feuilles pangermanistes.
Lors des dernières élections, il
alla jusqu’à préconiser un
groupement qui eût compris deux
mille associations flamandes et qui
eût poursuivi la création d’une
ligue pour la séparation des
provinces wallonnes et flamandes ;
dans le conflit qui partageait la
Belgique, les Allemands n’hésitaient
pas à s’immiscer, ardents à diviser,
à affaiblir, à exaspérer des
éléments qu’ils se flattaient un
jour de dominer.
Les meneurs du mouvement flamand
n’étaient peut-être pas tous des
germanophiles, mais chez certains,
il n’y a pas à se le dissimuler,
l’antipathie que leur inspirait la
France et leur aversion pour la
langue française, rivale du flamand,
étaient d’importants atouts dans le
jeu allemand…. (p.246) |
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… Leur programme paraît bien avoir été
résumé par le docteur Osswald, de l’Institut
historique de Leipzig (rien de commun avec
le chimiste Osswald des 93), en ces termes :
Les dirigeants du mouvement flamand ont
repris leurs efforts au bénéfice de leurs
anciens desseins. Ils remarquent avec
satisfaction que des officiers allemands se
font enseigner par des professeurs flamands
la langue, qui, jusqu’à présent, fut
toujours mise à l’écart. La suppression de
la langue française en Flandre, réalisée par
le gouvernement général allemand, a donné
soudaine satisfaction à ce qu’ils
réclamaient depuis des dizaines d’années. On
ne peut conclure de là qu’ils soient devenus
des amis des conquérants. En tout cas, les
aspirations flamandes et leur situation à
l’égard des exigences wallonnes semblent
être les points où le levier allemand agira
efficacement en faveur d’un développement
sain de la Belgique dans l’avenir
(p.246)
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L’on dit souvent que l’on peut mieux comprendre
l’actualité et préparer l’avenir en analysant le passé.
La nation flamande est en train d’aller même au-delà de
son rêve d’indépendance, elle prépare la flamandisation
de la future Belgïe.
René G . Thirion |