Wallonie
2010
"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
Prendre le taureau par les cornes
L'éveil de la Wallonie
Elio ou le masque
souriant… par Pierre-René Mélon
Je ne partage pas
l’enthousiasme des sondages. De mon modeste poste d’observation, je
perçois Elio Di Rupo comme un homme perclus de tics communicationnels :
pas une once de sincérité, pas un gramme de spontanéité dans ses
paroles, dans ses gestes, dans son langage corporel. Son visage ne doit
retrouver ses traits naturels que dans le sommeil. En réalité, ce
communicateur excelle surtout dans l’art du recel d’émotion, du
détournement d’attention et de la manipulation des esprits.
On vante la méticulosité
de ses dossiers, fort bien (il n’y a là rien que de très normal), mais
cette obsession du chiffrable et du maîtrisable peut aussi cacher une
incapacité à dégager des perspectives, une peur viscérale de l’avenir,
une méfiance obsidionale envers ses semblables, une angoisse profonde
malgré la convivialité de façade.
Il manque à M. Di Rupo, me semble-il, le sens de
l’Histoire, une épaisseur philosophique et cette souveraineté de
l’esprit qui s’exprime dans la simple vérité de l’être. Tout me semble
fausseté et calculs, manipulations et entourloupes, perfidies et larges
sourires.
Cet homme est comme un adolescent
qui se cherche et ne se trouve pas, et qui multiplie les parades, les accès
d’humeur et les contre-feux pour mieux cacher ce qu’il est : un homme
orgueilleux et désemparé, un pauvre jeune homme lacéré par le terrible besoin
d’être reconnu et aimé.
De son enfance de pauvre immigré,
suivie d’une ascension sociale exemplaire, il a gardé une reconnaissance
démesurée pour le pays qui l’a sauvé. Ainsi, il verra toujours la Belgique comme
une bonne mère nourricière à qui, en reconnaissance, il doit dévouer le reste de
sa vie. Sa singulière dévotion socialiste pour la monarchie provient du même
fond d’émotivité filiale du fils envers son père. Cette part de déraison
affective altère son jugement.
Le premier ministre wallon
baragouinera pathétiquement un néerlandais de collège à la majorité des Belges,
mais en compensation il donnera de larges gages de bonne volonté politique à ses
« concitoyens du nord du pays » : les concessions déjà faites à la Flandre en
échange de la formation d’un gouvernement ne pourraient être qu’un hors-d’œuvre.
Mais nous pourrons compter sur son art de la communication pour faire passer les
reculades pour des replis stratégiques et les abandons pour des échanges
équilibrés.
Ce gouvernement devrait tenir à flot jusqu’en juin 2014, mais l’échéance est
incertaine, car les jumelles électorales sont déjà fixées sur le proche horizon
d’octobre 2012 (élections communales), et de gros nuages noirs et jaunes
s’accumulent dans le ciel flamand. La houle européenne grossit, l’euro est
menacé, l’équilibre financier de la planète est rompu : que pèsera la Belgique
de Di Rupo dans l’ouragan qui se lève?
Rien.
Pierre-René Mélon Vice-président du R.W.F., responsable de l’arrondissement de Liège et
écrivain