Laurent-François Dethier, oublié par l'histoire et qui
devrait être légendaire !
Il y aura bientôt deux cent cinquante-deux ans, le 14
septembre 1757 naquit à Spixhe, un homme admirable,
fidèle à son désir de Liberté, d’Égalité et de
Fraternité. Il fut Républicain et Liégeois dans l’âme
jusqu’à sa mort. Son nom, Laurent François Dethier.
Il est le symbole de la fidélité aux idéaux du Siècle
des Lumières. Il est un exemple pour nous, les partisans
du retour à la France. C’est pourquoi, sans la
prétention d’être un historien, je rappelle la vie
passionnée qui fût la sienne et que l’histoire de
Belgique oublie volontairement.
Cet homme aura un destin peu commun et fait partie de la
galerie des Liégeois, toujours attachés à des valeurs de
justice et de solidarité. Devenu avocat, il
s’intéressa très vite aux affaires publiques.
Lors de la révolution de 1789, ce bourgmestre démocrate
reconnu par les autorités de la Principauté de Liège et
mayeur du chef du Ban de Theux s’engage dans le combat
pour l’affranchissement du citoyen.
Le 9 août 1789, ill convoque tous les représentants des
cinq bans qui formaient le Franchimont, Jalhay, Sart,
Spa, Theux et Verviers à Polleur, village choisi dans un
but d’égalité puisqu’il se trouvait être le lieu
géographique, le mieux situé entre les cinq bans, au
carrefour des routes qui y menaient « chacun faisant une
part du chemin pour aller à la rencontre des autres ».
C’est pourquoi ce congrès reçut le nom de « Congrès de
Polleur ».
Lors de la cinquième séance, à la fin des débats,
l'assemblée approuva à l'unanimité une " Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen pour le Franchimont
" dans laquelle Laurent-François Dethier formulait
les principes de base des démocraties modernes, en
allant plus loin encore que la « Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen » votée le 26 août 1789 par la
Convention nationale française.
Révolutionnaire endurci, il pèsera beaucoup sur
ses compatriotes pour le rattachement à la
France.
Le 23 décembre 1792, Laurent-François Dethier et
Jean-Guillaume Brixhe, Bourgmestre de Spa
(décédé en février 1807), proclament en commun
la déchéance du prince-évêque, la rupture à
l'égard de l'empire et, à l'unanimité, expriment
le vœu d'être réunis à la France.
Le 17 janvier 1793, lors de la constitution de
l'assemblée provinciale ou provisoire (composée
des élus à la Convention nationale liégeoise,
soit à cette date 61 sur 120). L'assemblée se
prononce, à l'unanimité, pour le rattachement à
la France.
Lorsque celui-ci fut voté, il devint député au
Conseil des Cinq Cents (chambre législative)
mais démissionna suite au coup d’État de
Bonaparte, par conviction.
Laurent François Dethier revint sur la scène
politique avec la chute de Napoléon au niveau
communal puis national. Il devint d’ailleurs
membre suppléant du Congrès national en 1830.
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Pour ceux qui ont la
mémoire courte
Plaque sur le Palais des Princes-Évêques de
Liège
rappelant le département français de l'Ourte
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Il démissionnera à nouveau lorsque les députés opteront
pour la monarchie plutôt que pour la république pour le
statut de la naissante Belgique.
L’homme, fidèle à ses convictions républicaines, décéda
le 1er juillet 1843 après avoir été successivement
Liégeois, Français, Hollandais et Belge, mais en
demeurant tout au long de sa vie un ardent défenseur de
la République, de ses valeurs et de la France.
René G. Thirion
Voici comment un " historien belge" décrit la vie de
ce grand homme. Vous remarquerez que tout passage sur
ses opinions républicaines, sur son amour de la France,
sur sa démission du Congrès national par rejet du
royalisme, sont soigneusement évités. Par le miracle
d'une présentation pauvre et tronquée, ce patriote
français devient un personnage fade d'une histoire
officielle de Belgique, entièrement vouée à la gloire
d'un état artificiel.
DETHIER
(Laurent-
Franç.),homme
politique et naturaliste, né à Spixhe
(Theux), le 14 septembre 1757, mort à Theux
le 1er juillet 1843, Après s'être fait
recevoir avocat, il s'occupa surtout, des
affaires publiques; d'un caractère ardent
et inébranlable, droit, intègre et
bienveillant, il fit successivement partie
du Congrès de Franchimont, dont il devint
président, du conseil des Cinq-Cents, du
Corps législatif et enfin de, notre Congrès
national. Il fut aussi juge à la cour de
Liège, plusieurs fois bourgmestre et le
dernier des échevins de la haute cour de
justice du ban de Theux, au marquisat de
Franchimont. Après les événements de 1830,
il fut décoré de la Croix de fer (...)
(...)Dethier
s'occupa aussi d'études linguistiques et
archéologiques; il cite divers travaux
prêts à voir le jour et que nous croyons
être restés manuscrits ; tels sont ses
Origines wallonnes et son Calendrier
perpétuel wallon-français. C'est aux
sciences naturelles qu'il s'adonna surtout,
notamment à la minéralogie et à la géologie.
(...)
Extrait de : G. DEWALQUE, Biographie
nationale de Belgique, t. V, 1876, col.
824-826)
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