Wallonie 2010

"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
 

 
 
 

Prendre le taureau par les cornes



L'éveil de la Wallonie











 

 


La Belgique en l'état
Une analyse de Paul-Henry Gendebien
 

Avec une inconscience remarquable, l'oligarchie officielle belge avance comme le crabe, en marche arrière et de côté, en route vers de nouvelles aventures budgétaires (avec un trou colossal dans les finances publiques) et institutionnelles (devant l'exacerbation du conflit de nationalités belgo-belge plus que jamais présent). C'est seulement et comme par hasard après le scrutin du 7 juin que les partis et les medias font mine de découvrir la vérité. Comme si on avait voulu, une fois de plus tromper les citoyens-électeurs pendant la campagne. 

La vérité, c'est que la Belgique n'est plus gouvernée depuis le printemps 2007. Tout comme Verhofstadt III et Leterme I, M. Van Rompuy ne dirige rien, ni son pseudo-gouvernement, ni sa pseudo-majorité. Il fait de la figuration, cherchant seulement à faire croire aux chancelleries étrangères qu'il y a un gouvernement belge... La situation est plus grave qu'en affaires courantes, nous voici en "affaires fuyantes" dans tous les sens du terme. Van Rompuy est un zombie politique, totalement impuissant et paralysé, repoussant toute initiative, bâillonné par son propre parti, incapable d'orchestrer la moindre action vigoureuse contre la crise et contre l'emballement incontrôlé de la dette publique.



Le 7 juin, les électeurs n'ont pas suivi le RWF... Aux prochaines élections, peut-ëtre ?


Bien entendu, ceux qui ont été coresponsables de cette situation, à savoir le MR, le PS et le CDH, restent aux affaires, confortés par leurs électeurs faussement mécontents, peut-être résignés et de toute façon soumis à l'ordre particratique établi.

Il n'y a donc plus d'argent pour amortir les conséquences sociales de la crise, pour lancer un plan de réindustralisation, ou pour appliquer les promesses répandues à tort et à travers pendant la campagne électorale. A cet égard, si les Écolos accèdent vraiment aux pouvoirs régionaux et communautaires, leurs couleurs vertes pâliront très vite, car la résistance de leurs partenaires - sans compter l’indigence de leurs moyens - les conduira sans tarder de déceptions en déceptions.

Une autre vérité, douloureuse pour les illusionnistes de la belgitude, c'est que le camp nationaliste s'est renforcé en Flandre. Une fois encore, la Flandre a voté « flamand » alors que les électeurs wallons et bruxellois votaient « belge », notamment en faveur d'un parti Ecolo encore plus aveuglément et sommairement belgicain que l'ancien PSC des années 1960-1970 !

Au parlement flamand, près de 40% des élus sont ouvertement séparatistes, mais il faut y ajouter une belle collection de confédéralistes et autres « souverainistes » plus ou moins honteux, plus ou moins masqués.

Selon un déjà vieux modèle, c’est naturellement le jeu politique proprement flamand qui va déterminer dans les mois à venir le cours chaotique de la scène gouvernementale fédérale.

La nouvelle donne flamande devrait rapidement démentir tous ceux qui avaient tablé sur la crise et sur le blocage institutionnel pour donner un confortable bois de rallonge à un Etat belge à bout de souffle. Aujourd’hui, il est clair que les contradictions du système fédéral belge sont de moins en moins supportables et qu'elles annoncent un automne orageux. L’instabilité de l'édifice belge va se confirmer de manière éclatante. Et les Wallons tout comme les Bruxellois, plus que les Flamands, souffriront de l'absence d'Etat, surtout en période de crise. Le paradoxe veut qu'ils s'accrochent désespérément à une Belgique qui ressemble de plus en plus à un non-Etat, à une non-société politique, à une tache sombre sur la carte de l’Europe.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour nous permettre d'annoncer un regain de l'instabilité et de la tension au niveau fédéral:

1. Le gouvernement Van Rompuy est encore plus minoritaire, du côté flamand, qu’avant le 7 juin. Certes, le scrutin n'était pas fédéral et le nombre de députés CDV et VLD qui soutiennent le Premier ministre n'a pas changé. Il n'en demeure pas moins que l'amaigrissement régional du VLD affaiblira encore davantage le conglomérat parlementaire incertain qui tient lieu de majorité à M. Van Rompuy.

2. En région flamande, l’éjection du VLD (libéraux flamands) hors du gouvernement, et son remplacement par la N-VA, constitue un cuisant échec pour le régime belge et un échec personnel pour M. Van Rompuy qui avait plaidé ardemment pour son maintien dans l’équipe de Kris Peeters. C’est la conséquence du poids politique croissant de la N-VA, mais c'est aussi le résultat de la lutte d'influence très dure qui oppose entre eux les divers clans de la « famille » CD&V. La vieille garde, représentée par Dehaene, Eyskens, Van Rompuy, (sur laquelle comptaient les partis francophones) devient minoritaire au sein du parti de Mme Thyssen, derrière laquelle se profile le trio Leterme-Van Deurzen-Vervoort. M. Van Rompuy sera dès lors de moins en moins libre de ses mouvements, pour autant qu'il bouge encore.

3. Parallèlement, c’est l'échec de la vieille garde de l'ancien CVP, et très logiquement, on assiste à la montée en puissance d'une aile moderniste, à la fois intellectuelle et populaire, du mouvement flamand. Elle se renforce. Son essor vient de la conjonction objective entre la N-VA de Bart De Wever (peut-être le futur numéro un en Flandre) et une nouvelle génération de jeunes cadres et de jeunes députés du CDV, manifestement séduits par cette N-VA qui incarne simultanément un projet national flamand ambitieux et une rénovation décomplexée de la droite flamande. A quoi s'ajoute un autre fait significatif : le SP.A (socialistes flamands) semble s’être rangé aux vues de son ministre régional Vandenbroucke, un personnage suffisamment flamingant pour n'éprouver aucune gêne à collaborer avec la N-VA et le CD&V.

4. L'incurie budgétaire dramatique dont s’est rendu coupable la coalition fédérale précède une situation de quasi-faillite pour les finances publiques belges. Les régions wallonne et bruxelloise, de même que la Communauté française, n’échapperont plus à la disette permanente. Le moment venu - et choisi par elle -, la Flandre ne se gênera plus pour exiger une remise en question des lois de financement des entités fédérées. Autrement dit, les Wallons et les Bruxellois devront se serrer la ceinture et durement.

Il y a six mois, Kris Peeters réclamait déjà une telle révision des lois de financement.

C'est un fait nouveau de la plus haute importance : la Flandre est en train de découvrir que ce n'est pas seulement la Wallonie qui lui coûte cher, mais que c'est l'Etat belge lui-même qui l’entraîne dans une aventure financière inacceptable.

Décidément, ainsi que l'avait pressenti le R.W.F.dès l'automne 2008, la crise ne sauvera pas l'Etat belge. Et l'agitation « communautaire » ne sera pas renvoyée aux oubliettes de l'Histoire, bien au contraire !

Lassée et irritée par les atermoiements francophones, la Flandre s'est orientée vers une nouvelle stratégie. Avec l'appui de ce qu'on appelle désormais la « doctrine Maddens » (du nom de cet universitaire flamand de la Katholieke Universiteit Leuven), le président de la N-VA, Bart De Wever, estime qu'il faut « affamer financièrement » Bruxelles et la Wallonie afin de les « assouplir ». Il veut que la Flandre aille de l'avant en tirant sur la corde des compétences régionales actuelles et développe, de facto, des instruments d'action flamands, notamment dans le secteur de la sécurité sociale. Dans le même temps, là Flandre doit cesser, au moins provisoirement, de réclamer une réforme de l'Etat. En effet ce sont les Francophones, à bout de ressources, qui viendront mendier et proposer, en échange d'un refinancement (hypothétique), des abandons politiques en faveur de la Flandre. Les Flamands le savent : les Francophones ont déjà procédé ainsi en 2001, lors des accords du Lambermont et de la Saint-Polycarpe. Oui, les Flamands le savent : le belgicisme intéressé et à courte vue des partis francophones les amène systématiquement à échanger de l'argent contre des principes.

Cette nouvelle stratégie flamande, que l’on pourrait qualifier de stratégie de l'embuscade, va prendre à contre-pied non seulement les partis francophones, mais également le  gouvernement fédéral de M. Van Rompuy.

Il en résulte une autre nouveauté : dorénavant, l’adversaire numéro un du gouvernement fédéral pourrait bien être le gouvernement flamand lui-même. Et plus seulement l'un ou l'autre parti nationaliste. Si cela se confirme, il s'agirait là d'un facteur supplémentaire de déstabilisation du gouvernement fédéral.

Tout ce qui précède n'empêchera nullement un prochain épuisement des procédures parlementaires dilatoires destinées à repousser le dossier BHV. La Flandre a constaté l'incroyable lâcheté des Francophones dans l’affaire des trois bourgmestres non nommés. Elle n'hésitera dès lors pas à replacer BHV au centre de la polémique, à l'automne prochain.

Il n'est pas interdit de penser qu'un passage en force au Parlement fédéral, mis en œuvre par le camp flamand, ne provoque un séisme majeur en 2010. Il faut d'autant moins l'exclure qu'une date-couperet est imprimée sur le calendrier politique : à partir du 1er juillet 2010, et pendant, six mois, la Belgique devra assumer la présidence de l'Union européenne. Pendant cette période, toute crise intérieure devra être bannie, sauf à renouveler la détestable et récente expérience tchèque (hypothèse qu'il ne faut absolument pas écarter).

Les élections fédérales sauf anticipation, sont fixées au printemps 2011. La présidence européenne à partir de juillet 2010 et le climat préélectoral qui sévira au plus tard à partir de septembre de la même année obligent dès lors le Gouvernement Van Rompuy à boucler un « paquet institutionnel » en une dizaine de mois. Mais la paralysie fédérale et la nouvelle donne en Flandre annoncent un raidissement du mouvement flamand à l'égard du régime belge. D'autre part, le désarroi visible et l'absence d'anticipation dans le chef de nos partis wallo-bruxellois n'augurent rien de bon quant à la défense de nos intérêts.

Un retour aux urnes fédérales avant juillet 2010 est loin d’être exclu.

De toute manière, c’est notre population qui paiera les interminables soubresauts d'un Etat belge suicidaire. Question : combien de temps faudra-t-il pour que les électeurs comprennent que la Belgique, pour eux, est devenue un Etat impossible et nuisible ?

Paul-Henry Gendebien
Président du Rassemblement Wallonie-France


Article paru sur le site officiel du RWF

 
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Dernière modification : 22 décembre 2011