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Jeune responsable de la ligue wallonne de l’arrondissement de Namur et rédacteur du journal régionaliste Sambre-et-Meuse, il percevait la fragilité, le peu de cohérence du cadre étatique belge : « Plus que jamais, nous sentons aujourd’hui que la Belgique n’est qu’un cadre politique dans lequel on a casé deux peuples absolument différents de mœurs, de pensées, en un mot de civilisation. Nous ne participons nullement au mouvement intellectuel des Flandres ! Nous ne connaissons pas leurs écrivains, nous ne lisons pas leurs journaux ».* Soixante ans plus tard, c’est pourtant ce cadre auquel s’agrippent nos politiques, contre toute logique, pourvu qu’il en reste un morceau. À l’origine de la création des fêtes de Wallonie à Namur, François Bovesse avait perçu la nécessité d’éveiller les Namurois à leurs spécificités et à leurs intérêts de Wallons. Si nous pouvons faire nôtre cette phrase de François Bovesse « La haine et le mépris ne sont pas de chez nous »**, ajoutons que l’oubli et le mépris de soi semble être devenus depuis des attitudes bien wallonnes. Loin des ors bruxellois, Bovesse puisait une part de ses convictions dans ses méditations poétiques où transparaissent à l’occasion les différentes facettes de son être au monde « wallon ».Parlant de la Sambre et de la Meuse il écrivait en 1933 : « Elles viennent du pays aimé, ces rivières ; elles sont entre elles et nous, un trait d’union ; elles ont porté au cours des siècles de là-bas à chez nous, les barques, les hommes et les idées. Elles sont les deux cordons verts qui nouent nos destinées »***. On retrouve dans ses écrits et dans ses engagements sa passion pour sa ville, pour le pays wallon, mais aussi son attachement à la France, aux valeurs qu’elle incarne et à sa langue. Son biographe Arnaud Gavroy témoigne de ce que chez Bovesse : « Ces trois dimensions se complètent avec harmonie : il est de culture française parce que Wallon, et il est Wallon parce qu’il est Namurois »****. Ministre à diverses reprises, il défendra au gouvernement les positions du mouvement wallon. Lui qui craignait les volontés hégémoniques flamandes luttera jusqu’aux lois linguistiques de 1932, contre la bilinguisation forcée de la Wallonie. Il se positionnera aussi avec force pour le maintien des accords militaires franco- belges. Enfin, dans la tradition démocratique du mouvement wallon, il combattra avec la détermination que l’on sait le mouvement fasciste Rex. Cet engagement lui vaudra d’être assassiné par des rexistes au petit matin du Ier février 1944. sources *Sambre
et Meuse,
17/08/1913.
Ecrit par Arnaud Pirotte |
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