Wallonie 2010

"Forcer l'Avenir - Rejoindre la France"
 

 
 
 

Prendre le taureau par les cornes



L'éveil de la Wallonie












 

 


La seconde mort de François Bovesse ?     

François Bovesse

Son amour des pierres et des gens, son humanisme loin de tout dogmatisme, son attachement viscéral aux valeurs de liberté ne manqueront pas d’être célébrés le premier février (et un hommage lui est rendu  à l'occasion des Fêtes de Wallonie dont il fut l'initiateur - NDLR) .

Loin de nous l’idée de faire de Bovesse un partisan de notre cause. Il était du temps d’avant le fédéralisme et de son échec ; d’une époque où le cadre belge apparaissait comme un costume mal taillé certes, mais ajustable.

Contentons-nous ici de rappeler quelques facettes du tribun dont les traits lucides, frappés du bon sens peuvent encore alimenter le débat politique.

C’est que Bovesse n’est pas uniquement cette figure de gentil régionaliste belgicain et régimiste que des orateurs aux talents divers ressuscitent depuis plus de soixante ans à la faveur de l’automne.

Lissée, sa réflexion sert trop souvent de caution à ceux qui se retrouvent dans le campanilisme namurois barbouillé gentiment aux couleurs de la Wallonie. 

Jeune responsable de la ligue wallonne de l’arrondissement de Namur et rédacteur du journal régionaliste Sambre-et-Meuse, il percevait la fragilité, le peu de cohérence du cadre étatique belge : « Plus que jamais, nous sentons aujourd’hui que la Belgique n’est qu’un cadre politique dans lequel on a casé deux peuples absolument différents de mœurs, de pensées, en un mot de civilisation. Nous ne participons nullement au mouvement intellectuel des Flandres !  Nous ne connaissons pas leurs écrivains, nous ne lisons pas leurs journaux ».*

Soixante ans plus tard, c’est pourtant ce cadre auquel s’agrippent nos politiques, contre toute logique, pourvu qu’il en reste un morceau.

À l’origine de la création des fêtes de Wallonie à Namur, François Bovesse avait perçu la nécessité d’éveiller les Namurois à leurs spécificités et à leurs intérêts de Wallons.

Si nous pouvons faire nôtre cette phrase de François Bovesse « La haine et le mépris ne sont pas de chez nous »**, ajoutons que l’oubli et le mépris de soi semble être devenus depuis des attitudes bien wallonnes.

Loin des ors bruxellois, Bovesse puisait une part de ses convictions dans ses méditations poétiques où transparaissent à l’occasion les différentes facettes de son être au monde « wallon ».Parlant de la Sambre et de la Meuse il écrivait en 1933 :   « Elles viennent du pays aimé, ces rivières ; elles sont entre elles et nous, un trait d’union ; elles ont porté au cours des siècles de là-bas à chez nous, les barques, les hommes et les idées. Elles sont les deux cordons verts qui nouent nos destinées »***.

On retrouve dans ses écrits et dans ses engagements sa passion pour sa ville, pour le pays wallon, mais aussi son attachement à la France, aux valeurs qu’elle incarne et à sa langue. Son biographe Arnaud Gavroy témoigne de ce que chez Bovesse : « Ces trois dimensions se complètent avec harmonie : il est de culture française parce que Wallon, et il est Wallon parce qu’il est Namurois »****

Ministre à diverses reprises, il défendra au gouvernement les positions du mouvement wallon. Lui qui craignait les volontés hégémoniques flamandes luttera jusqu’aux lois linguistiques de 1932, contre la bilinguisation forcée de la Wallonie. Il se positionnera aussi avec force pour le maintien des accords militaires franco- belges. Enfin, dans la tradition démocratique du mouvement wallon, il combattra avec la détermination que l’on sait le mouvement fasciste Rex.   Cet engagement lui vaudra d’être assassiné par des rexistes au petit matin du Ier février 1944.

sources 

*Sambre et Meuse, 17/08/1913.
**
La Province de Namur, 28/09/1925, cité d’après Arnaud GAVROY, François  Bovesse, 1890–1944, Itinéraire et pensée politiques, Namur, 1990, p. 44.
***
Pont de France, dans La Province de Namur, 12/09/1933, p.1.
**** Arnaud GAVROY, François Bovesse, Op.cit., p. 33

Ecrit par Arnaud Pirotte
Historien-enseignant Vice-président RWF Namur
Repris du site RWF Namur-Dinant-Philippeville

 

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Dernière modification : 26 septembre 2011