Les
Etats Généraux de Wallonie, folklore rattachiste ou
opération marketing d'un livre ?
Au moment où une opération « marketing », en faveur du
livre « Le jour où les Wallons s’éveilleront » a été
lancée par l’envoi d’une lettre ouverte au Président de
la République française accompagnée de l’ouvrage, il est
intéressant de se poser la question.
Les Etats Généraux de Wallonie ont-ils été un succès ?
Sont-ils représentatifs des mondes politique,
économique, culturel et social de Wallonie?
A la lecture de cet ouvrage, les plus hautes autorités
françaises vont-elles réagir en faveur de la thèse
défendue par Jacques Lenain un fonctionnaire français
lors de ce congrès, et couvrir au moins en partie ses
propositions qui représentent au minimum une ingérence
d'une personnel politque français dans les affaires de
l'état belge ?
Pour se faire une opinion sur le sujet, il suffit de
relire l’intervention que Paul-Henry Gendebien,
Président du Rassemblement Wallonie France tint à
l’invitation de Jules Gheude, lors d’une réunion sur le
sujet le 20 juin 2008 à Liège. Je vous en livre un
extrait significatif, la totalité du discours étant
disponible sur le
site officiel du RWF.
Extrait de l’intervention
de Paul-Henry Gendebien, président du Rassemblement
Wallonie France, invité par Jules Gheude, en préparation
des Etats Généraux de Wallonie, prononcé le 20 juin 2008
à Liège.
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Des Etats généraux ?
Sans doute. Mais encore faut-il
s’entendre sur les mots et sur les
réalités. Car pendant un demi-siècle,
ils furent la tarte à la crème des
congrès du mouvement wallon : on peut
relancer cette belle idée, mais à une
condition : celle de ne pas échouer !
Le grand Congrès de Liège de 1945 (note
: après-guerre, des représentants de la
Wallonie ont été amenés à se prononcer
sur l'avenir de leur pays),
ce ne sont pas des Etat généraux. Car
la Wallonie, si elle
est une force politique à cette époque,
n’a pas d’existence politique ni
d’objectif unique et majeur.
Le drame de 1945, ce sont les diverses
hypothèses (fédéralisme, unitarisme
amélioré, indépendance, réunion à
la France) qui ont été
mises sur le même pied. Il en a résulté
une neutralisation réciproque.
Soyons de bon compte : si on avait
additionné les votes séparatistes à l’issue
du premier vote, cela aurait donné 60% des
suffrages exprimés (46% de réunionistes, 14%
d’indépendantistes).
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Mais ceci fut occulté par la victoire
des fédéralistes lors du second vote.
Déjà ce fut la victoire du camp du
réalisme, disait-on, en vérité du camp
de la peur.
La Belgique
pouvait respirer et gagnait cinquante
ans de sursis.
Toutes les solutions évoquées au Congrès
de 1945 ont été battues ! Le résultat
des combats de 1945, de 1950 (Question
royale), de 1960-61 (Grève
insurrectionnelle en Wallonie), c’est
que l’Etat belge a obtenu du bois de
rallonge !
La seule occasion où l’on parla vraiment
d’Etats généraux, ce fut dans les
derniers jours de juillet 1950 (Question
royale), dans un contexte
prérévolutionnaire et avec la promesse
d’un appui militaire de
la France.
Méditons les leçons de l’Histoire. Ne recommençons par les
mêmes erreurs en multipliant à nouveau
les hypothèses au risque de les
neutraliser toutes.
Etats généraux ? Oui, bien sûr, mais à
la condition de les réussir,
c’est-à-dire de sortir de l’Etat belge
et d’aller vers
la France.
Et à condition d’être
convoqués par une autorité légitime et
représentative, à savoir le Parlement
wallon, éventuellement élargi aux élus
fédéraux wallons. Et en
concertation indispensable avec
Bruxelles, s’il vous plaît.
Les élites politiques wallonnes et
l’opinion politique wallonne sont-elles
prêtes, aujourd’hui, à mettre en œuvre
le processus d’autodétermination ? Rien
n’est moins sûr ! Il faut dès lors
amplifier la mobilisation de l’esprit
public et accélérer la décolonisation
des mentalités. Le moment est venu de
dire la vérité.
Dès lors que le fédéralisme est un
échec historique et définitif, il est
impératif de refuser une fois pour
toutes le « concept Belgique » et ses
diverses déclinaisons en forme d’ersatz,
qu’il s’agisse d’un confédéralisme
mortifère ou d’un Etat
Wallonie-Bruxelles tout aussi vicieux et
illusoire.
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« Etats généraux ? Oui,
bien sûr », a dit Paul-Henry Gendebien, « mais
à la condition de les réussir, c’est-à-dire de
sortir de l’Etat belge et d’aller vers
la France. Et à
condition d’être convoqués par une autorité légitime
et représentative, à savoir le Parlement wallon,
éventuellement élargi aux élus fédéraux wallon. »
Ces conditions ont-elles
été remplies ?
Disons simplement
qu’à peine quelque 150 personnes étaient présentes
dont deux politiques en retrait,
Willy Burgeon et et Jean-Claude Van Cauwenberg, peu
ou pas de représentants du mouvement indépendantiste
wallon, le reste étant essentiellement composé de rattachistes.
Et c’est le résultat de cette réunion peu
significative que l’on a osé envoyer à Monsieur
Nicolas Sarkozy, Président de la République
française ?
De quoi ranger définitivement le mouvement
rattachiste au magasin des accessoires folkloriques
de Wallonie.
Je précise bien que cette analyse m’est personnelle
et
n’engage en rien la direction du RWF, mais qu’elle
témoigne de ma profonde interrogation
tant sur
l'opération de mise en valeur du livre que sur la
représentativité des co-signataires de la lettre.
Les partisans du Retour à la France, sont-ils bien
conscients que leurs efforts devraient porter vers
les 98% de Wallons qui n’ont pas encore voté en
faveur de cette option indispensable à la survie du
peuple wallon, plutôt que d’appuyer des " essayistes
" en mal de lectorat ?
René G. Thirion |