Une petite Belgique francophone
nourrie par la France ? Réalité ou fiction ?
Le GEWIF (Groupe d'études pour la Wallonie intégrée à la France
) vient de publier son premier cahier, intitulé "Faits
économiques et perspectives ».
Les membres fondateurs en sont Edgard Baeckeland, Guy
Bertrand, Willy Burgeon, Jean-Alexis D’Heur, Paul
Durieux, Jules Gheude, Jean-Sébastien Jamart, Philippe
Lange, Jean-Luc Lefèvre, Jean Lerusse, Jean-Claude
Matrige, Michel Pieret, Jean-François Renwart. La
plupart sont des ex-membres du RWF souvent candidats
malheureux aux dernières élections régionales qui font
porter leur échec à une stratégie d’approche de
l’électeur du RWF (selon eux - NDLR) qui effraie les
Wallons, cramponnés à un système politique d’assistanat
généralisé.
Comme attendu, ce premier cahier reprend l’argumentation
qu’un certain Jacques Lenain, Français de son état et
auréolé de son appartenance à un cabinet ministériel
français (celui des sports apparemment) avait apporté
aux États généraux de Wallonie en mai 2009. Il faut bien
dire que ces États généraux avait été suivi par une
centaine de participants, la plupart de la mouvance
rattachiste et que les résultats du vote qui justifie la
création du GEWIF, n’offraient aucune légitimité à
parler d’une expression populaire. |
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Mais voici quelques perles glanées parmi les considérations
éditées .
À propos de la ligne politique de réunion à la France du
RWF:
« (…) Jacques Lenain écarte aussi catégoriquement la formule «
assimilation », qui détruirait le système juridique et social
belge hérité de près de deux siècles d’histoire ainsi que
les récents acquis des Wallons en matière
d’auto-administration.
En outre, comme l’ont montré les travaux de la commission
« réunion à la France » des États généraux de Wallonie,
une assimilation serait proprement inapplicable du fait
de divergences essentielles entre les systèmes belges et
français, notamment en matière d’enseignement (la France ne
connaît pas le Pacte scolaire), de santé (les mutuelles
sont chez nous politisées et puissantes), de législation
sociale (durée du chômage limitée en France). (…) »
Mais tout n'est pas perdu pour le GEWIF :
« Pour Jacques Lenain, seule une formule d’union-intégration
pourrait constituer une solution réaliste. Contrairement à une
opinion encore largement répandue, explique-t-il, le cadre
institutionnel français offre, en effet, une très grande
souplesse. Il permettrait, via l’octroi d’un statut
particulier (article 72 de la Constitution), de
combiner le maintien de l’autonomie de la Région wallonne et la
conservation de l’essentiel du corpus juridique belge avec la
solidarité nationale financière et sociale française, garante du
maintien des systèmes sociaux et des services publics.
Et tout cela, en assurant la protection politique d’un
État fort, avec un soutien politique complet. En un mot, les
Wallons ne devraient pas se présenter tout nus devant Marianne
pour revêtir l’uniforme français.
Entité régionale maintenue, la Wallonie conserverait ainsi ses
organes d’auto-administration actuels
(Parlement et
gouvernement). Ses compétences seraient préservées et
même élargies à celles exercées par la Communauté
française, laquelle aurait perdu sa raison d’être. Quant
à l’ex-droit belge, conservé, sauf exceptions, il se
trouverait placé sous la responsabilité du législateur
français, successeur du législateur fédéral belge disparu.
Les compétences des provinces et des communes seraient
maintenues. Et notre système de sécurité sociale serait adossé
au système français. (…) »
En réalité, ce n’est qu’un vent incertain venu de France qui a
inspiré quelques rattachistes qui pensent que cette
« tambouille » pourrait être utilisée à leur profit et séduire
des électeurs indécis sur l’avenir. « Venez chez moi, la
soupe sera aussi bonne, vous en aurez toujours autant, et cela,
gratuitement » serait le message à saisir par l’électorat
qui devrait plus facilement leur permettre une accession aux
avantages matériels que procurent l’élection à un mandat
politique.
Car qui peut croire que la France prendrait la relève de la
Flandre dans un soutien à une région pour laquelle, Lenain
l’affirme, « tous les économistes sont d’accord pour dire qu’une
Wallonie privée des transferts financiers intrabelges verrait
ses prestations sociales chuter de quelque 15 % ? ».
Il tombe ainsi dans l’argumentation (mensongère) du « sac de
cailloux porté par les Flamands », si chère à notre Leterme
national qui oublie combien la Flandre domine le marché
wallon au niveau de la distribution notamment !
Moralité, si le citoyen veut garder le gouvernement, les
politiciens, les syndicats, les mutuelles, le double réseau
d’enseignement wallons, s’il veut continuer à se dire belge et,
qui sait ?, garder la royauté en place, alors il ne peut
soutenir le RWF, seul parti rattachiste qui ose proposer une
révolution tranquille contre tout ce qui fait le malheur de la
Wallonie depuis la création d’un état fédéral flamandisé.
Dans le cas contraire, il reste une route, difficile à
suivre, emplie d’autant d’aléas que le réseau routier de
la Région wallonne comporte de trous, mais prometteuse
d’une réunion apaisée à une République dont la devise
est « Liberté, Égalité et Fraternité », puissance
économique, diplomatique et militaire reconnue
mondialement.
Car l’élection de quelques élus «rattachistes » ne
changera rien à la réalité des faits. Pour la
réalisation de ce mariage tant espéré, il faudra un
référendum populaire des peuples wallons et français,
ainsi que l’accord du personnel politique wallon et
français.
Et plus nous tarderons à exprimer notre demande au
gouvernement français, plus la dégradation économique,
sociale et politique de la Wallonie sera prononcée, plus
les exigences françaises risquent d’être, à juste titre,
du style « à prendre ou à laisser ».
Alors que diable, qu’importe les résultats électoraux du
RWF, portons notre vérité avec conviction et fidélité.
Les événements et les crises qui nous attendent,
finiront par convaincre nos concitoyens de la justesse
de nos vues !
René G. Thirion |
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