Les leçons d'une catastrophe
par Nicolas Dupont-Aignan
Comment ne pas être d'accord avec le
sympathique Nicolas Dupont-Aignan. Comme
souvent, ses réflexions sont pleines de bons
sens. Comment ne pas être d'accord avec lui
?
La catastrophe nucléaire au Japon prouve une
nouvelle fois qu’il n’est jamais bon
d’occulter les débats sur les sujets graves.
Au moment où nos concitoyens s’inquiètent,
je trouve stupide de refuser une vraie
concertation nationale sur ce sujet clé pour
notre avenir. Je ne partage pas le point de
vue des écologistes, mais je pense les
Français suffisamment mûrs pour pouvoir
aborder toutes les questions. |
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Il ne s’agit pas, dans mon esprit, de se prononcer
simplement sur le choix du nucléaire mais d’évoquer la
question essentielle de la gestion des centrales
nucléaires. Il y a quelques années en France, les
centrales nucléaires étaient exploitées par une
entreprise publique EDF/GDF. Le critère de rentabilité
n’était pas le seul critère de gestion, la sûreté était
à son maximum, la maintenance était correctement assurée
et la confiance régnait.
Depuis l’ouverture du capital, il est de notoriété
publique que la recherche de dividendes est le nouvel
objectif central de la société. Il va de soi qu’EDF se
préoccupe toujours et encore de sécurité. Mais il est
évident aussi que des compromis se font, comme en
témoignent les inquiétudes de certains salariés sur
l’importance croissante de la sous-traitance. Tout cela
n’est pas sain.
L’Etat est plus préoccupé de toucher les dividendes de
sa participation majoritaire dans l’entreprise plutôt
que de veiller au maintien d’une organisation publique
exigeante.
On peut faire le choix du nucléaire à la condition bien
sûr d’être irréprochable dans son suivi compte tenu des
dangers qui existent.
L’exemple japonais révèle combien une entreprise privée
est vite conduite à faire prendre des risques à
l’ensemble de la collectivité. A l’inverse, l’exemple de
Tchernobyl montre qu’un pays non démocratique peut
conduire au risque identique par manque de transparence.
Voilà pourquoi, je maintiens que nous avions raison de
nous opposer à la libéralisation du secteur de l’énergie
en Europe qui a mis par terre une entreprise comme
EDF/GDF qui réussissait à concilier une expertise
exceptionnelle et une efficacité liée à l’effet
d’échelle avec un contrôle de l’Etat rigoureux. Avec la
scission avec GDF et l’ouverture du capital, le résultat
est là déjà devant nous : - Augmentation ahurissante des
tarifs de l’électricité et du gaz - Perte de contrôle de
l’Etat sur la gestion des filières - Augmentation des
dividendes versés d’ailleurs à l’Etat qui détient encore
80% d’EDF - Suspicion de la société civile à l’égard de
la rigueur de l’entreprise.
Il est heureusement encore temps d’arrêter le processus.
Mais pour cela, bien sûr, il faut s’exonérer des accords
européens qui détricotent tous nos services publics.
L’énergie sera, à l’avenir, toujours plus rare et plus
chère. Raison de plus pour ouvrir un grand débat dans
notre pays sur la capacité de l’Etat, au nom du peuple,
à s’assurer de la pérennité des investissements, de la
sécurité des approvisionnements, de l’égalité des tarifs
sur les territoires.
Seul un monopole public bien géré par une entreprise
transparente et sous contrôle est en mesure de garantir
ces exigences
Nicolas DUPONT-AIGNAN
député de l'Essonne
président de Debout la République |