La mort pacifique
par Gilbert
Collard
Lors du désastre de Lisbonne, Voltaire
composait la plus belle prière jamais
adressée à Dieu par un anticlérical
viscéral. Il mettait un peu de spiritualité
dans l'horreur du monde. Aujourd'hui, devant
une tragédie qui dépasse notre condition
quotidienne, qui nous renvoie à notre
fragilité prétentieuse, qui montre que
chacun, ici-bas, a sur le front le point
rouge de la visée du Destin, que
faisons-nous?
Des milliers de cadavres s'entassent sur les
plages, quarante mille disparus, une
centaine de localités isolées du monde, six
cents villages amputés de routes, trente
mille bâtiments détruits, des centrales
nucléaires sur le point de diffuser la mort
invisible, ombre posée sur l'épaule de
chacun: une vague vorace au cœur du
Pacifique aura suffit pour mettre à genoux
tout un peuple. |
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Ce signe gigantesque devrait nous faire réfléchir sur notre monde moderne où le confort se paie si cher, où l'industrialisation de notre standing ignore délibérément les risques à courir, où l'homme se croit plus malin, plus puissant que la vieille nature! Au moment où ce drame éclate dans une violence d'expression irréelle, on fait en France le procès de la filière nucléaire. Dans un pays où 80% de l'électricité provient de ce nucléaire, c'est l'heure choisie par le gouvernement pour flinguer les aides au photovoltaïque.
A dire vrai on ne sait que faire. Il faut d'urgence, sans parti pris verdâtre et politique, débattre, sans tabous, dans la transparence, de la dangerosité de nos installations et de l'opportunité des énergies nouvelles. Et continuer à regarder filer les images sur les écrans morbides de notre modernité malade de nous mêmes.
Sans jamais faire aucun examen de conscience?
Gilbert Collard est avocat au Barreau de Marseille, ancien secrétaire de la conférence et Chevalier des Arts et Lettres. Il est Président du MOSC (Mouvement pour l’Organisation de la Société Civile.
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