« The job is done », comme l’écrivait récemment
un hebdomadaire britannique influent (The
Economist, 6.9.2007).
Moins réservée que
la France
ou l’Allemagne,
la Grande-Bretagne se montre en
tous cas informée des rapports de force
politiques à l’intérieur de la société flamande.
Elle prend les devants, se plaçant en posture
avantageuse vis-à-vis de ceux qui dirigeront
demain
la République
de Flandre.
Elle sait aussi l’importance d’une coopération
intense, sur tous les terrains, avec
la Flandre.
La
position traditionnelle et historique de Londres
ne varie pas : s’assurer un maximum de têtes de
pont politiques et économiques sur le continent.
Albion a toujours eu plusieurs fers au feu :
actionner continûment la balance entre Paris et
Berlin, introduire des leviers, partout où cela
se peut, dans les failles de la relation
franco-allemande.
La Flandre
est l’un de ces leviers potentiels.
Pendant que M.
De Wever construit l’avenir flamand, tout va
très bien pour madame la marquise wallonne.
Ecoutez-la, musant sa chansonnette comme la
cigale :
« Profitons des derniers bons moments de l’Etat
Providence belgo-flamand, attendons le faux-pas
de
la N-VA
et son départ.
D’ailleurs, M.
De Wever est de plus en plus isolé en Flandre ;
Nous l’allons bientôt démontrer… »
C'est Di Rupo qui est isolé...
La bonne question n’est-elle pas celle-ci :
« Qui est le plus isolé en Europe : M.
De Wever ou M.
Di Rupo ? »
La N-VA, comme la fourmi de la
fable, s’active ; elle prend en temps utile les
dispositions internationales nécessaires dans la
perspective d’une prise de pouvoir en Flandre.
Rien de surprenant à cela : on connaît
l’ambition du mouvement flamand : « Een Vlaamse
Staat in Europa », un Etat flamand dont le chef
pourra enfin s’asseoir à la table du Conseil
européen, aux côtés de Mme Merkel, de M.
Cameron et M.
Sarkozy, sans passer par les services d’un
intermédiaire belge superfétatoire.
Nos braves autruches francophones officielles
devraient oublier leurs vaines illusions.
On n’étouffera pas la révolution tranquille de
la Flandre.
La
Wallonie – Et Bruxelles avec elle – doit cesser
de se confiner dans l’anecdote et dans
l’immédiat.
Elle ne peut pas indéfiniment supplier
la Flandre sur l’air pitoyable
du « Ne me quitte pas ! » Nous autres Wallons et
Bruxellois, nous avons besoin d’une politique,
c’est-à-dire d’un cap et d’une stratégie.
Nous ne les apercevons pas.
Prévoir c'est gouverner !
Il serait temps que les plus responsables et les
plus lucides, dans notre classe politique, se
mettent à l’ouvrage et préparent
l’internationalisation de la crise belge et de
la succession d’Etat.
Si nous ne nous y employons pas, alors
la Wallonie risque de devenir
un « boat people » politique, naviguant à vue
près d’une côte parsemée de récifs et infestée
de pirates.
Il est urgent pour elle de s’extraire de son
provincialisme à courte vue et de sa dépendance
systémique à l’égard d’une Flandre qui veut de
plus en plus la souveraineté.
La négociation ou plutôt la pseudo-négociation
actuelle pour réformer l’Etat est une tragique
humiliation pour les partis francophones.
Pourquoi s’y résignent-ils ?
Paul-Henry Gendebien
citoyen wallon, coprésident du R.W.F.
21 mars 2011
Pour mieux connaître la situation actuelle en
Belgique, consultez "La
Raison et le Cœur",
qui vient de sortir en librairie
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